Points essentiels à retenir
- Malgré les retards et les négociations en cours concernant la hausse des tarifs prévus par l'administration Trump sur le Canada, les actions canadiennes accusent déjà un certain recul et la menace persiste.
- Une hausse de 10 % des tarifs sur l'énergie canadienne, bien que nettement inférieure aux taxes sur les autres biens et marchandises, nuirait considérablement aux entreprises énergétiques canadiennes, en particulier aux producteurs de pétrole lourd qui dépendent des raffineries américaines.
- Les banques constituent un exemple de l'impact des effets du second ordre, car le coup porté à l'économie canadienne par les tarifs douaniers et l'incertitude croissante en matière de crédit pourrait avoir des répercussions importantes tant sur la croissance que sur la rentabilité.
Les tarifs douaniers américains auraient des répercussions directes et indirectes
Le marché boursier canadien a chuté le 3 février lorsque le président américain Donald Trump a annoncé par décret l'imposition de tarifs douaniers, qui pourraient entraver les échanges commerciaux et plonger brusquement l'économie canadienne, déjà morose, dans la récession. Une annonce visant à retarder de 30 jours la mise en œuvre des tarifs douaniers, dans les dernières heures des négociations, a permis aux actions canadiennes de se redresser quelque peu, mais elles ont néanmoins été affectées et la menace demeure.
Bien avant les élections américaines de début novembre 2024, des menaces vagues et incohérentes concernant des tarifs douaniers avaient été proférées. L'annonce plus concrète a finalement été faite, avec l'instauration de tarifs douaniers de 25 % sur tous les biens et produits en provenance du Canada, à l'exception des ressources énergétiques canadiennes, qui seraient soumises à un tarif de 10 %. La demande exprimée par Trump visait en grande partie à réduire l'entrée de substances illicites aux États-Unis par la frontière nord, toutefois, nul n'ignore que le véritable enjeu est le déficit commercial des États-Unis avec le Canada. Des tarifs douaniers ont également été imposés au Mexique pour les mêmes raisons. Les entreprises manufacturières canadiennes, en particulier celles des secteurs des pièces automobiles et de la consommation discrétionnaire qui exportent directement vers les États-Unis, supporteront le plus lourd tribut. Cependant, les impacts éventuels sur l'économie canadienne à grande échelle et les effets de second ordre seront beaucoup plus importants. En outre, un tel degré d'incertitude peut paralyser les capitaux, car les entreprises hésitent à investir et sont moins enclines à poursuivre des projets ambitieux à faible rentabilité.
Illustration 1 : Incidence tarifaire prévue sur l'inflation

Utilisé avec permission. Source : The Peterson Institute for International Economics © 2025. https://www.piie.com/blogs/realtime-economics/2025/trumps-threatened-tariffs-projected-damage-economies-us-canada-mexico
Les banques canadiennes illustrent parfaitement l'impact des effets de second ordre, car le coup porté à l'économie canadienne par les droits de douane et l'incertitude croissante en matière de crédit pourrait avoir des répercussions importantes à la fois sur la croissance et sur la rentabilité. L'éventualité d'une récession causée par les tarifs douaniers au Canada et ses répercussions sur le PIB, le chômage, l'inflation et les taux d'intérêt au Canada auraient des effets importants sur le marché du crédit au Canada. Par conséquent, l'octroi de crédit aux banques canadiennes augmenterait considérablement, ce qui aurait un impact important sur la rentabilité, réduirait les ratios de fonds propres et affecterait les rendements. Bien que les banques soient bien capitalisées et disposent d'un accès suffisant aux liquidités, une situation défavorable en matière de crédit aurait un impact négatif sur les indicateurs pertinents. Par ailleurs, l'imposition de tarifs douaniers risquerait d’augmenter généralement le coût du capital des entreprises canadiennes, ce qui accroîtrait le taux de rendement exigé pour les projets. Ces facteurs pourraient réduire la demande de capitaux et, par conséquent, ralentir la croissance des prêts au Canada.
Illustration 2 : Incidence tarifaire prévue sur la croissance du PIB

Utilisé avec permission. Source : The Peterson Institute for International Economics © 2025. https://www.piie.com/blogs/realtime-economics/2025/trumps-threatened-tariffs-projected-damage-economies-us-canada-mexico
L'incertitude liée à la menace tarifaire suffira probablement à justifier une augmentation des provisions de la phase 1 (prêts productifs) effectuée par les banques canadiennes, une mesure de précaution similaire à celle prise au début de la pandémie de COVID-19, quoique d'une moindre ampleur. Les banques canadiennes qui ont une plus grande présence aux États-Unis, comme la Banque de Montréal (BMO) et la Banque Toronto-Dominion (TD), seraient relativement avantagées par rapport à leurs homologues qui sont plus concentrées sur le marché canadien, comme la CIBC (CM) et la Banque Royale du Canada. La Banque de Nouvelle-Écosse possède des positions au Mexique et au Canada, et cela pourrait avoir un impact sur la rentabilité dans les deux pays. Les périodes de consternation et de pessimisme, qui peuvent parfois être déclenchées par des épisodes d'affaiblissement du crédit et par la crainte d'une augmentation des pertes liées aux créances, constituent un moment opportun pour renforcer les positions dans les banques.
Les actions de Rails sont négociées dans toute l'Amérique du Nord
À l'instar des banques, les chemins de fer pourraient être fortement affectés par les tarifs douaniers. Les tarifs du Canadian Pacific Kansas City (CP) et du Canadien National (CN) varient en fonction de leur portée et de leur structure. Bien qu'aucun des deux chemins de fer ne soit directement soumis à des tarifs douaniers pour les activités sous-jacentes, les clients des trois pays (Canada, Mexique et États-Unis) seront affectés, ce qui aura probablement un impact sur les volumes de fret.
Pour le CP, environ 40 % des revenus sont liés aux flux transfrontaliers, dont 17 % découlent spécifiquement des échanges commerciaux entre les États-Unis et le Mexique. Bien que les revenus provenant du Mexique vers les États-Unis ne représentent actuellement que 5 % du total, la croissance future de ce corridor dépendra fortement des expéditions des produits automobiles et intermodales. Les tarifs douaniers sur les importations mexicaines pourraient menacer la croissance, bien que des taux plus élevés sur les importations chinoises pourraient davantage favoriser les délocalisations de proximité vers le Mexique. Les principales marchandises, telles que les céréales et les produits pétroliers, qui sont acheminées vers le sud, soit vers le Mexique, représentent également des sources de revenus essentielles qui pourraient être perturbées par un régime tarifaire plus agressif, pour lequel le Mexique mettrait en place des mesures de rétorsion. Pour ce qui est du CN, environ 30 % de ses revenus proviennent du commerce transfrontalier entre le Canada et les États-Unis. Cela le rend vulnérable aux tarifs douaniers imposés sur certains produits, comme le bois d'œuvre et les métaux (dont l'acier). Le bois d'œuvre est également un moteur important, car presque tous les volumes de bois d'œuvre du CN sont destinés aux États-Unis, alors que le CN tire également 13 % de ses revenus de l'intermodalité internationale.
Illustration 3 : Les 5 principales importations américaines qui viennent du Canada et du Mexique, exprimées en valeur

Remarque : Données de 2023; pour les importations canadiennes. Les marchandises américaines retournées et réimportées ne sont pas concernées. Source : US Census Bureau
Bien que 10 % du chiffre d'affaires total du CN soit lié au commerce avec la Chine, une fraction est directement soumise aux éventuels tarifs douaniers américains imposés aux importations chinoises. Bien que les volumes diversifiés entre le Canada et les États-Unis proposés par le CN offrent une certaine protection, les tarifs élevés sur les importations chinoises pourraient encore peser sur les volumes portuaires canadiens à destination des États-Unis, affectant ainsi en particulier les revenus intermodaux. Bien que les tarifs douaniers constituent un obstacle pour les deux compagnies ferroviaires, les positions du CP au Mexique le rend plus sensible aux changements de la politique commerciale entre les États-Unis et le Mexique, contrairement au CN dont les risques pèsent principalement sur son segment intermodal et sur certaines marchandises. Malgré ces obstacles éventuels, nous pensons que le marché a sévèrement sanctionné ces deux sociétés. Les réseaux irremplaçables des deux entreprises, leur forte capacité à fixer les prix et leur efficacité opérationnelle en font des investissements à long terme intéressants.
Les tarifs appliqués à l'énergie pourraient favoriser la diversification au niveau mondial
Les États-Unis ont proposé des tarifs de 10 % sur l'énergie canadienne, ce qui est nettement moins élevé que les tarifs appliqués à d'autres biens et marchandises. Des tarifs douaniers, peu importe leur ampleur, nuiraient considérablement aux entreprises énergétiques canadiennes, en particulier aux producteurs de pétrole lourd qui dépendent des raffineries américaines. L'impact à court terme serait probablement une augmentation des différentiels Western Canadian Select (WCS) (comme nous l'avons vu jusqu'à présent), ce qui entraînerait une diminution des flux de trésorerie et une baisse du niveau de confiance. Une grande partie de cette hausse a d'ores et déjà été intégrée dans le prix du produit de base après les résultats des élections américaines. À plus long terme, elle pourrait inciter le Canada à accélérer ses efforts de diversification vers les marchés mondiaux, une nécessité qui se fait sentir depuis longtemps.
Ces politiques réduiraient la compétitivité de l'énergie canadienne sur le marché américain en rendant le brut canadien plus cher, ce qui inciterait les raffineurs à rechercher d'autres sources d'approvisionnement, comme la production nationale américaine ou les importations en provenance d'autres pays. Bien que cela soit difficile à mettre en pratique pour les raffineurs, cette mesure élargirait l'écart de prix entre le WCS et le West Texas Intermediate, ce qui exercerait une pression supplémentaire sur les producteurs de sables bitumineux tels que Canadian Natural Resources, Cenovus Energy et MEG Energy Pour diversifier ses exportations vers l'Asie et l'Europe, le Canada peut tirer parti du projet d'agrandissement du réseau Trans Mountain, qui a été mis en service en mai 2024, et de LNG Canada, dont le démarrage est prévu plus tard en 2025. Cependant, ce changement prendra du temps en raison de la focalisation actuelle de l'infrastructure sur le marché américain. Par conséquent, la baisse des prix obtenus entraînerait une réduction des flux de trésorerie disponibles, ce qui aurait un impact sur les dividendes, les rachats d'actions et les plans de réinvestissement des producteurs. Aux prix actuels des produits de base, même avec des écarts plus importants, les entreprises énergétiques dont la situation financière est saine devraient être en mesure de maintenir leurs dividendes et de poursuivre leurs projets judicieux de dépenses en immobilisations. Cependant, l'impact global sur l'énergie canadienne serait sans aucun doute négatif. Cela affaiblirait ainsi le climat de confiance à l'égard de ce secteur et renforcerait l'urgence d'une diversification des marchés d'exportation.
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