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Article initialement publié dans le bulletin d’information « Global Market Perspectives » de Stephen Dover sur LinkedIn. Suivez Stephen Dover sur LinkedIn, où il publie ses réflexions et observations ainsi que son bulletin d’information « Global Market Perspectives ».

  • Les 100 premiers jours du président Trump ont été remarquables, tant en termes de rythme que d’impact. Le plus dur est à venir.
  • Au cours des 100 prochains jours, en effet, l’attention se portera sur le défi que représente l’adoption de lois tout en s’attaquant à la réduction du déficit.
  • Le Congrès doit agir, et pour cela, des coalitions législatives doivent être formées. Si ce sujet peut sembler moins passionnant que d’autres comme le DOGE ou les droits de douane, il pourrait s’avérer bien plus lourd de conséquences pour les investisseurs.

Le 29 avril marquait le 100e jour du deuxième mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Bien que cette durée soit arbitraire, les 100 premiers jours sont devenus une référence pour évaluer la performance d’un président.

Il est ainsi logique de faire le point sur les 100 premiers jours du mandat de Donald Trump. Et bien que diverses conclusions puissent être tirées, aucune ne semble plus importante que celle-ci : les 100 prochains jours s’annoncent très différents. De plus, cette période pourrait bien rebattre les cartes pour les investisseurs.

Les 100 premiers jours

En dépit de la majorité dont il dispose dans les deux chambres du Congrès, Donald Trump a surtout signé des décrets présidentiels durant ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche, plutôt que de promulguer d’importantes lois. Donald Trump est ainsi le président qui a publié le plus de décrets au cours des 100 premiers jours de son mandat.1

Deux séries de décrets présidentiels ont ébranlé les investisseurs : 1) les coupes budgétaires du département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) et 2) les droits de douane.

Les coupes opérées par le DOGE ont réduit les effectifs fédéraux et considérablement diminué la taille de plusieurs agences, telles que l’USAID et le département de l’Éducation. Ces mesures se sont distinguées non pas par leur impact économique, mais par leur caractère inédit, qui a suscité des incertitudes quant à leurs répercussions potentielles. Ces décisions ont fait craindre une baisse des dépenses de consommation et une possible récession à la suite de la désorganisation des paiements par virement tels que la sécurité sociale et Medicaid.

Le choc lié aux droits de douane a provoqué un repli encore plus marqué des marchés boursiers américains et mondiaux. Sur fond d’inquiétudes grandissantes au sujet de la croissance américaine, les cours des actions ont commencé à fléchir fin février, en même temps que les rendements des bons du Trésor américain, qui ont atteint début avril leur plus bas niveau depuis cinq mois. Plusieurs annonces tarifaires se sont ensuite succédées, avec en point d’orgue les déclarations de « Liberation Day », qui promettaient d’imposer à la quasi-totalité des partenaires commerciaux des États-Unis des droits de douane réciproques nettement plus élevés que ne l’avaient prévu les observateurs. Dès la deuxième semaine d’avril, divers indices boursiers basculaient en « territoire baissier » (soit une baisse de plus de 20 % par rapport à leur précédent sommet).

Il faut toutefois noter que la chute des cours des actions s’est accompagnée d’une brusque montée des rendements des bons du Trésor américain et d’un affaiblissement du dollar américain, une combinaison rarement observée (en général, les bons du Trésor et le dollar sont perçus comme des « valeurs refuges » pendant les périodes d’incertitude).

Les tensions sur les marchés ne se sont apaisées que lorsque la plupart des droits de douane réciproques (à l’exception de ceux imposés à la Chine) ont été suspendus pour une durée de 90 jours le 9 avril, en vue d’être renégociés. Pour de nombreux observateurs, cette décision a été motivée par les craintes que les perturbations apparues sur le marché des bons du Trésor américain soient le signe d’une détérioration de la situation financière.

Retour à l’ordre. Plus récemment, Donald Trump a consenti certaines dérogations aux droits de douane, tandis que lui-même et ses principaux conseillers (dont le secrétaire au Trésor Scott Bessent) ont laissé entendre que d’autres concessions pourraient être négociées avec d’autres pays. Ces déclarations ont permis de revenir à des conditions de marché plus ordonnées et plus clémentes à l’issue des 100 premiers jours du mandat de Donald Trump.

Pourquoi les 100 prochains jours seront différents. Les investisseurs seront peut-être soulagés d’apprendre que les 100 prochains jours ne devraient pas être marqués par la même tension dramatique que les 100 premiers. Cette conclusion se fonde sur deux constats.

Premièrement, l’apparition concomitante de plusieurs facteurs tempère l’appétit de la Maison-Blanche pour des mesures audacieuses, inédites et disruptives.

  • Les annonces choc sur les droits de douane ont fait craindre que les bons du Trésor américain et les rouages du système financier ne soient soumis à des pressions excessives.
  • Les bons du Trésor américain sont à la fois la principale forme d’emprunt garanti entre institutions financières et la référence pour la tarification du risque sur tous les marchés financiers.
  • Il semble que les coupes budgétaires du DOGE et les droits de douane soient en train d’ébranler le soutien dont bénéficient Donald Trump et le Parti républicain.
  • La popularité (ou le manque de popularité) politique fait figure de garde-fou contre un excès de pouvoir exécutif, en particulier à l’approche des élections de 2026.

Deuxièmement, l’opportunisme politique exige également un changement de discours à Washington.

  • Les républicains sont conscients de la nécessité politique d’adopter une loi pour prolonger les effets des allègements fiscaux de 2017 qui, à défaut, expireraient (et confronteraient ainsi de nombreux Américains à une hausse d’impôt significative et impopulaire l’année prochaine).
  • Les républicains savent également qu’ils doivent adopter une loi pour financer les activités du gouvernement.
  • Les exigences de la gouvernance ordinaire sont désormais susceptibles de prendre le pas sur une politique de décrets présidentiels, ce qui laisse présager un environnement très différent pour les investisseurs au cours des prochains mois.
     

Quel est l’enjeu pour les investisseurs ?

En théorie, l’abandon du recours systématique à des décrets présidentiels improvisés au profit d’une activité législative plus conventionnelle devrait suffire à apaiser les inquiétudes des investisseurs. C’est probablement vrai. Pourtant, l’adoption d’une loi visant à prolonger ou à élargir les réductions d’impôt et à financer ces mesures risque d’être une tâche ardue pour le Congrès. Et des mois d’âpres négociations pourraient s’avérer nécessaires entre les républicains de la Chambre des représentants et du Sénat américain.

Dès lors, si les conditions de marché se détériorent du fait d’un affaiblissement de l’économie, il nous paraît peu probable de compter sur une intervention législative opportune. Les investisseurs qui tablent sur des performances soutenues des marchés pour le reste de l’année 2025 eu égard aux nouvelles dispositions fiscales et budgétaires adoptées par le Congrès devront peut-être s’armer de patience avant de voir leurs attentes se concrétiser.

La faible majorité républicaine au Congrès, mais surtout à la Chambre des représentants, ne facilite pas le travail législatif. Si de nombreux républicains sont favorables à des réductions d’impôts, certains exigent qu’elles s’accompagnent d’importantes coupes budgétaires. Ces coupes ne peuvent être obtenues qu’en réformant des programmes de prestations sociales tels que Medicaid, dont bénéficient de nombreux électeurs républicains dans les communautés rurales.

Deux hypothèses nous paraissent plausibles.

  • Les dispositions fiscales existantes du code de 2017 seront prolongées.
  • La volonté politique nécessaire pour faire adopter d’importantes réductions d’impôts, dont le financement nécessiterait de douloureuses coupes dans les dépenses publiques, est probablement impossible à mobiliser cette année.

Pour les investisseurs, ce n’est pas négligeable. À notre avis, les allégements fiscaux ne devraient aider ni l’économie ni les marchés, et la Réserve fédérale devrait maintenir le statu quo jusqu’à ce qu’elle soit convaincue que l’inflation reculera une fois que les données refléteront l’impact des droits de douane. Si les prévisions de croissance et de bénéfices aux États-Unis venaient à déraper, ni la politique budgétaire ni la politique monétaire ne semblent en mesure de fournir un soulagement rapide.

En bref, les investisseurs sont probablement rassurés par la dissipation des incertitudes qui ont marqué les 100 premiers jours du mandat de Trump, à savoir les coupes budgétaires du DOGE et les droits de douane. Mais à bien des égards, le plus dur ne fait que commencer, et il faudra déployer des efforts considérables et faire preuve d’une grande habileté politique pour obtenir les résultats escomptés par les investisseurs.



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