CONTRIBUTEURS

Garey J. Aitken
Chief Investment Officer, Franklin Bissett Investment Management

Tim Caulfield
Director of Equity Research, Franklin Bissett Investment Management
À pareille date l’an dernier, alors que nous réfléchissions à l’une des plus importantes corrections du marché de l’histoire, la fin de la pandémie semblait bien lointaine. Nous sommes maintenant à mi-chemin de l’année 2021, et heureusement, un monde sans la COVID-19 qui domine nos vies semble beaucoup plus près, grâce à la réussite du déploiement des vaccins à ce jour.
Bien entendu, avec l’émergence de nouveaux variants, nous sommes loin d’être tirés d’affaire, mais l’optimisme à l’égard d’un avenir post-pandémique va en croissant. Cet optimisme se reflète dans la prévision de croissance mondiale du Fonds monétaire international (FMI) (6 % en 2021; 4,4 % en 2022), ainsi que dans la robustesse des marchés boursiers.
Ici, au Canada, l’indice composé de rendement total S&P/TSX a atteint un nouveau sommet record le 18 mai 2021, et à la fin du premier trimestre de 2021, il avait enregistré quatre trimestres consécutifs de rendements positifs à la suite du grave repli du premier trimestre de 2020. En fait, le principal indice canadien a mieux fait que le S&P 500 pendant le premier trimestre (7,3 % comparativement à 5,8 %), ce qui se produisait régulièrement entre 2000 et 2010, mais a été rare pendant la décennie suivante.
Un nouveau super cycle des produits de base?
La robustesse des produits de base est certainement un bon présage pour la suite des choses sur le marché canadien. Le cuivre, le bois d’œuvre et le fer se négocient actuellement à des records absolus, et les produits agricoles ont également connu une forte hausse cette année.
L’indice Commodity Research Bureau avait augmenté de 52 % sur 12 mois en date du 30 avril 2021, après avoir plongé au premier trimestre 2020 à son niveau le plus faible depuis 2009.
Économie d’exportation, le Canada profitera considérablement de cette hausse des prix des produits de base, en particulier ceux de son secteur énergétique. Après que les contrats à terme sur le pétrole Western Canada Select sont passés en territoire négatif en avril 2020, un baril se négocie maintenant à plus de 50 $ US. Lorsque les prix du pétrole augmentent, le dollar canadien se raffermit : il a franchi le seuil des 83 cents en mai (un record pour les six dernières années), alors qu’il avait atteint un creux de 0,67 $ US l’année dernière.
Ce retour du balancier pour le pétrole, accompagné de la hausse des prix des autres ressources, fait-il partie d’un nouveau super cycle des produits de base? C’est discutable. Le dernier super cycle s’est produit au cours de la première décennie du nouveau millénaire, favorisé par l’expansion rapide de l’économie chinoise. Les actions canadiennes ont considérablement profité de la hausse de la demande pour les biens de base pendant cette période, et cela est toujours le cas aujourd’hui, pour la Chine et tout autre pays qui a besoin de ressources pour construire des infrastructures et renforcer son économie.
INDICE COMPOSÉ DE RENDEMENT TOTAL S&P/TSX RÉPARTITION PAR SECTEUR

Sources : Bloomberg, Placements Franklin Templeton;* au 30 avril 2021
De la valeur dans les actions canadiennes
Le solide rendement de l’indice composé de rendement total S&P/TSX pendant le premier trimestre a été enregistré pendant la période « lune de miel » du programme de vaccination du Canada.
La rapidité avec laquelle l’économie se redressera dépendra largement de l’efficacité avec laquelle les différents vaccins contre la COVID-19 combattront le virus, et pas seulement au sein des riches nations occidentales, mais aussi dans les pays en développement. Si 2021 est bel et bien l’année où nous renverserons la vapeur en ce qui a trait à la pandémie, nous pouvons nous attendre à ce que les produits de base continuent d’être en forte demande et que le Canada en profite.
Les valorisations des actions canadiennes est un autre facteur à envisager. Après le repli de l’an dernier, le rebond des marchés boursiers a découlé en grande partie de la dynamique et du potentiel, et, dans une moindre mesure, des données fondamentales et des valorisations. L’élan de cette petite gamme de sociétés à forte valorisation a ralenti au premier trimestre de 2021, dans un contexte où les investisseurs ont accordé leur préférence aux titres en fonction des données fondamentales et du cycle, qui sont susceptibles d’être ceux qui profiteront le plus de la fin du confinement. Cette tendance n’était pas aussi marquée au deuxième trimestre, mais si nous sommes à même de laisser derrière nous le dernier cycle de confinement lors de la deuxième moitié de 2021, le marché boursier canadien devrait profiter du redressement des économies et de ses propres valorisations attrayantes.
De haussier à baissier et retour du balancier
Après une période haussière record qui a presque atteint 11 ans, le marché baissier a été bref : il n’a duré qu’un peu plus d’un mois (du 20 février 2020 au 23 mars 2020).
Les reculs pendant cette période étaient à faire pleurer, mais la reprise depuis lors a été robuste. En termes de cumul annuel, le nouveau marché haussier a produit un rendement de 67,20 % pour l’indice composé de rendement total S&P/TSX, alors que cet indice avait affiché un rendement de -37,20 % pendant le marché baissier.
Depuis le début de l’année 2021, tous les secteurs, à l’exception des matériaux, ont affiché un rendement positif, et les secteurs des soins de santé, de l’énergie, de la consommation discrétionnaire, de la finance et de l’immobilier ont tous produit un rendement à deux chiffres. Au début de l’année, les marchés se comportaient généralement comme ils l’ont fait pour la majeure partie de la dernière décennie : les actions de croissance faisaient mieux que les titres de valeur, et la dynamique et le potentiel étaient favorisés par rapport aux données fondamentales et aux valorisations. Dans la deuxième moitié du premier trimestre, où les attentes relatives à l’inflation et aux taux d’intérêt étaient en hausse après le rebond qui a suivi leurs récents creux, les actions présentant des données fondamentales plus solides à court terme et des valorisations plus raisonnables ont davantage attiré l’attention des investisseurs.
Dans le secteur de l’énergie, la progression du secteur a été favorisée par une hausse de 21,9 % du prix du pétrole brut, qui a clos le trimestre à 59,16 $ US par baril (West Texas Intermediate) et par une hausse de 2,7 % du prix du gaz naturel, qui a atteint 2,61 $ US par mBTU (NYMEX). Si nous examinons les 12 derniers mois à titre indicatif, il est évident que la volatilité sera une caractéristique du secteur de l’énergie pour l’avenir, compte tenu du passage mondial vers la décarbonisation. Quoi qu’il en soit, nous restons confiants envers les perspectives d’un certain nombre de sociétés que nous détenons, selon lesquelles ces sociétés devraient s’adapter à l’environnement commercial exigeant pour les producteurs gaziers et pétroliers, y compris Tourmaline Oil Corp. (55,6 %, cumul annuel) et Keyera Corp. (27,4 %, cumul annuel).
Après avoir vécu des difficultés en 2020, le secteur de la finance a bien réagi en 2021. Les rendements robustes dans le secteur étaient généralisés, dans un contexte où plusieurs sociétés du secteur ont semblé profiter d’un changement dans la confiance découlant d’une hausse des taux d’intérêt.
En réaction aux attentes accrues de légalisation du cannabis par l’administration Biden aux États-Unis, le secteur des soins de santé au Canada a été favorisé par plusieurs actions de sociétés liées au cannabis, comme Aphria (rendement de 114,6 %, cumul annuel). Nous n’avons toujours aucune exposition à ce secteur.
Les matériaux, seul secteur affichant un rendement négatif au cumul annuel, a été défavorisé par la chute des prix des métaux précieux, alors que l’or et l’argent ont diminué de 9,6 % et de 7,1 % pour atteindre 1 714 $ US et 24,53 $ US par once, respectivement, au cours du premier trimestre.
Si nous comparons le nouveau marché haussier dans son ensemble et le cumul annuel pour 2021, les plus grandes variations se sont produites dans les secteurs de la consommation discrétionnaire et des technologies de l’information (TI). La faiblesse du secteur des TI a été généralisée, y compris pour le titre de Shopify, une composante importante de nombreux indices qui était le succès indéniable de 2020, mais qui a depuis du mal à conserver cette dynamique en 2021.
La fin des mesures de relance et la recherche de valeur
Si la pandémie fléchit plus tard cette année, les mesures de relance budgétaire et monétaire sans précédent qui ont caractérisé cette crise prendront progressivement fin. Lorsque cela se produira, nous croyons que les acteurs du marché adopteront une perspective plus équilibrée et une approche marquée par plus de discernement en ce qui a trait aux valorisations.
Tout au long de la pandémie, nos sociétés sous-jacentes ont bien fait sur le plan de l’exploitation et des finances, et nous sommes de plus en plus confiants envers le potentiel de rendement relatif de notre fonds, compte tenu des grandes répercussions que les mesures de relance ont eues sur les coins du marché.
La période que nous traversons en ce moment nous rappelle combien il est vital de ne pas viser trop haut ou trop bas lorsque les marchés passent par toute une pléiade de cycles. Nous sommes toujours aussi partisans d’une vision à long terme qui fendra les flux et reflux à court terme émanant de l’humeur des marchés financiers.
La discipline et la constance développées au fil de nombreux cycles de marché, et le tempérament patient, mais décisif de l'équipe, sont essentiels et présents aujourd'hui.
Nous reconnaissons l’inefficacité des marchés, en particulier à court terme, et ne perdons pas de vue le cycle économique complet normalisé des sociétés à long terme.
Nous croyons que notre style de placement est bien adapté à l’évolution de la dynamique dont les effets se répercutent directement sur le handicap du potentiel de risque/rémunération qui s’avère essentiel à notre réussite en matière de placement. Compte tenu de notre approche à long terme axée sur le risque, et du fait que les investisseurs continuent quelque peu de ne pas tenir compte des paramètres fondamentaux et des valorisations au profit du momentum et du potentiel, nous continuons de mettre l’accent sur les valorisations, les titres à faible bêta et choisissons soigneusement nos titres de croissance. Au cours des dernières années, cette vision a nui au rendement relatif de notre fonds, mais nous nous attendons à ce que le tout se normalise en notre faveur au fil du temps.
