CONTRIBUTEURS

David Andrews
Client Portfolio Manager,
Franklin Templeton Investment Solutions
Cette année demeure très difficile, en particulier aux yeux des investisseurs soucieux du risque. Pendant de nombreuses années, les placements dans un portefeuille formé d’une combinaison équilibrée et diversifiée d’actifs « risqués » et « sécuritaires » (approche axée sur un portefeuille « 60/40 ») ont bien servi ces investisseurs. Au cours des 40 dernières années, les placements dans un portefeuille équilibré se sont traduits par une probabilité favorable que le rendement total soit positif (tableau 1 ci-dessous).

Source: Morningstar Direct
Malheureusement, l’année 2022 donne de plus en plus à penser qu’elle sera l’un des rares cas où le rendement d’un portefeuille équilibré termine l’année en territoire négatif. Au 31 août (cumul annuel), la catégorie « Équilibrés mondiaux neutres » de Morningstar (qui représente plutôt bien les résultats des gestionnaires équilibrés) avait perdu 11,8 %. La majeure partie de cette adversité découle de la série de hausses marquées des taux d’intérêt par les banques centrales, qui tiennent à faire baisser les taux d’inflation, qui ont atteint des sommets record en 40 ans. Il semble que l’inflation persistera pendant un bout de temps, et le point de vue sur les taux d’intérêt est résolument devenu « des taux élevés plus longtemps », ce qui donne à penser que la période à court terme présentera aussi des défis pour les investisseurs.
Nos clients sont de plus en plus nombreux à nous dire que la combinaison de la volatilité des marchés financiers et des taux d’intérêt accrus a mené à des conversations avec leurs clients au sujet des certificats de placement garanti (ou CPG). Le principal intérêt des CPG, c’est que la partie en capital et la partie de versement d’intérêts sont toutes deux pleinement garanties. Malheureusement, pendant plus d’une décennie, les taux d’intérêt des CPG ont été incroyablement bas et se sont montrés peu attrayants pour la plupart des investisseurs. À titre de gestionnaire multiactifs, nous pesons constamment le pour et le contre de la gamme complète de placements (y compris les CPG) au sein d’un portefeuille diversifié. Les décisions de placement que nous prenons ont pour but de nous offrir la meilleure probabilité qui soit d’atteindre les objectifs de placement propres à chacun de nos portefeuilles. Nous présentons ci-dessous les principales raisons pour lesquelles les CPG ne conviennent pas à nos portefeuilles, mais nous ne pouvons pas souligner suffisamment l’importance de construire un portefeuille en fonction des objectifs, besoins et préférences de l’investisseur qui le détient.
De notre point de vue, les CPG ne sont pas vraiment avantageux en ce qui a trait aux besoins de liquidités, à l’horizon de placement ou aux perspectives fiscales de nos portefeuilles. Comme mentionné précédemment, les investisseurs aiment bel et bien les aspects garantis des CPG, qui ne présentent aucune volatilité de marché et aucune surprise. Peut-être involontairement, le coût le plus élevé d’un CPG est le coût de renonciation, puisque les CPG vous obligent à immobiliser vos fonds. Ce n’est pas problématique si vous vivez votre vie avec une pleine certitude, mais la vie comporte toujours des éléments imprévisibles, qui surviennent habituellement lorsque vous ou votre famille vous y attendez le moins. Retirer votre capital d’un CPG hâtivement se traduit souvent par une pénalité de rachat dispendieuse. Dans ce contexte de hausse de taux, il existe de nombreux placements qui offrent des rendements semblables à ceux des CPG, mais sans exiger l’immobilisation du capital. Dans le même ordre d’idées, bon nombre de retraités à la recherche de liquidités qui remplacent leur revenu régulier estiment qu’en raison du caractère ponctuel des paiements des CPG, leurs flux de liquidités sont plus restreints qu’avec d’autres placements qui versent des revenus plus fréquemment.
De nos jours, de nombreux investisseurs se concentrent sur la volatilité des marchés comme mesure du risque, mais nous sommes d’avis que le fait d’épuiser votre épargne de votre vivant est un risque de planification financière bien plus important. En étant conscient de votre horizon de placement, vous êtes en mesure d’optimiser votre exposition au risque. Les CPG pourraient être indiqués si votre horizon de placement est à très court terme, et que vous ne pouvez pas supporter la moindre fluctuation dans la valeur de votre portefeuille. Bon nombre d’investisseurs prudents commettent souvent l’erreur d’assumer un risque trop faible au sein de leur portefeuille. Ils font l’erreur de laisser les perturbations à court terme influencer leurs décisions, car ils sous-estiment leur horizon de placement complet.
Du point de vue de la construction d’un portefeuille, les CPG n’offrent pas les mêmes effets d’atténuation que les obligations. Cela tient au fait que les valeurs marchandes des CPG sont fixes et ne fluctuent pas comme le font celles des actions et des obligations. C’est la faible corrélation entre les actions et les obligations qui offrent l’avantage d’un portefeuille diversifié avec le temps. La période actuelle de resserrement des taux a perturbé cette relation traditionnelle entre les actions et les obligations. Même si nous ne savons pas précisément à quel moment le régime de resserrement des taux prendra fin, nous sommes persuadés que l’aspect de protection des placements lié à la détention conjointe d’obligations et d’actions se concrétisera de nouveau.
Enfin, la fiscalité est souvent un enjeu important dont il faut tenir compte dans les placements. Les CPG formés de placements dans des portefeuilles non enregistrés sont totalement exposés aux taux d’imposition marginaux les plus élevés. Pire encore : l’impôt exigible sur ces revenus peut devoir être payé avant même que les revenus ne soient reçus. Comme les gains en capital et les dividendes canadiens sont imposés à des taux moindres que les revenus d’intérêts, nous portons un plus grand intérêt aux véhicules beaucoup plus avantageux sur le plan fiscal que les CPG.
Même si les taux des CPG ont connu une hausse par rapport à la même période l’an dernier, l’inflation est aussi galopante, alors le fait d’obtenir un rendement de 4 % (avant impôt) sur un CPG correspond à une perte garantie de pouvoir d’achat quand l’inflation avoisine les 8 %. La figure 2 (ci-dessous) indique l’« inflation plus 4 % », valeur souvent utilisée comme rendement seuil dans le domaine de la planification financière. Ce rendement permet de conserver le pouvoir d’achat (inflation) en plus d’offrir une capacité de dépense suffisante (+ 4 %) pour éviter d’empiéter sur le capital. Remarquez à quel point un portefeuille équilibré et diversifié 60/40 géré activement a mieux fait que le marché au fil du temps. Aujourd’hui, les CPG produiraient des rendements « garantis » bien inférieurs au seuil requis de l’IPC+4 %.
Graphique de l'historique de rendement
Au 30 juin 2022

Bien qu’il puisse exister des cas précis où les CPG sont le véhicule le plus adapté, nous croyons en la puissance du fait de rester souples, en particulier dans des marchés difficiles comme ceux-ci. Jusqu’ici en 2022, la relation traditionnelle entre les actions et les titres à revenu fixe n’a pas produit de bons résultats. Cette situation s’explique principalement par l’inflation élevée et le resserrement dynamique des banques centrales. Bien que la combinaison d’actifs différents pour créer des rendements corrigés du risque intéressant n’ait pas été efficace encore cette année, nous croyons que la relation n’est pas défaillante et qu’elle continuera de produire de bons résultats pour les investisseurs qui détiennent des portefeuilles leur offrant la meilleure chance possible de répondre à leurs objectifs actuels et à ceux à moyen et long termes.
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