CONTRIBUTEURS

Anthony Hardy
Research Analyst, Franklin Equity Group®

Robert Stevenson, CFA
Co-Head of Private Investing
Il fut une époque où les gens amassaient leur argent sous leurs matelas parce qu'il ne pouvaient pas — ou ne voulaient pas — qu'une banque veille sur leurs économies. Une partie de la jeunesse actuelle partage cet état d'esprit, n'a jamais mis les pieds dans une banque et n'a aucune intention de le faire. Avec la prédominance des transactions en ligne et l'usage de la technologie téléphonique mobile, ces personnes disposent de toute une gamme d'options pour gérer leurs finances.
La technologie joue déjà un rôle très important dans l'évolution des services financiers traditionnels dans la mesure où les entreprises tentent de s'adapter à l'évolution des attentes des consommateurs, de réduire les coûts, de prévenir les pertes au profit de startups plus agiles et de trouver de nouvelles façons d'accroître leurs revenus à l'ère du numérique.
QU'EST-CE QUE LA FINTECH ?
Mot-valise dérivé de « financial technology » (technologie financière), le terme FinTech a d'abord fait référence à la technologie utilisée dans les systèmes « back-end » d'établissements financiers établis. Plus récemment, cette signification s'est élargie pour intégrer toute innovation technologique dans le secteur financier, et toute forme d'automatisation de ce secteur.
L'investissement global dans la fintech a connu un pic en 2018, atteignant 55 milliards de dollars à l'échelle mondiale, soit près du double de l'année précédente.1 Nous nous attendons à voir cette tendance se poursuivre sur fond de convergence des tendances démographiques et technologiques, et à un moment où l'écart en termes de proposition de valeur entre les entreprises gagnantes reposant sur la technologie (par rapport à celles qui ont raté le train du changement) devient une évidence.
Dans cet article, nous nous penchons sur l'état d'esprit et les besoins des nouveaux consommateurs dans le sillage de la génération Y, et sur la façon dont certaines tendances technologiques sont à l'origine de nouvelles offres. Nous étudions les domaines dans lesquels nous percevons la rupture la plus importante à long terme, et nous résumons les incidences que nous constatons sur tout un éventail d'entreprises proposant des services financiers.
PRINCIPALES CONCLUSIONS
- Nous croyons que les progrès réalisés en matière d'expériences numériques, d'intelligence artificielle et de technologie du registre distribué sont les moteurs des nouveaux services fintech, permettant aux entreprises de mieux répondre aux demandes spécifiques de service et de support des consommateurs.
- Les startups devraient adopter des approches différentes pour se lancer dans les services financiers, mais nous nous attendons à ce que les lignes qui séparent les services financiers de grandes entreprises technologiques telles qu'Amazon, Apple et Google continuent à s'estomper. Les services de paiement détiennent à notre avis la clé : ils aident les consommateurs à simplifier et à rationaliser leur existence, tout en offrant aux entreprises des données sur les lieux et les moments où ils dépensent leur argent.
- Les fournisseurs de services financiers doivent nouer avec leurs clients des relations qui soient axées sur le service et l'abonnement, périodiques, et qui au final reposent sur les données. La fintech joue déjà un rôle significatif dans la plupart des segments du secteur des services financiers. Nous voyons émerger des évolutions intéressantes pour tout un éventail d'entreprises du secteur des services financiers.
DE L'ENTREPRISE AU CONSOMMATEUR : LA DÉMOCRATISATION DE LA FINTECH

La crise financière mondiale et la « Grande Récession » qui l'a suivie ont influencé la jeune génération Y, celle des personnes nées entre 1982 et 2004, presque autant que la Grande Dépression avait changé les habitudes de leurs arrière-grands-parents. Non seulement ces événements ont amené de nombreuses personnes de cette génération à développer une vision négative du marché de l'emploi précisément au moment où elles y entraient au début des années 2000, mais la crise financière mondiale a également mis en lumière les échecs et les lacunes de certaines des banques et institutions financières parmi les plus importantes et les plus respectées au monde.
Et depuis lors, elles n'ont pas regagné le terrain perdu. D'après différentes enquêtes, les banques et les compagnies d'assurance ont généralement conservé leur connotation négative auprès des membres de la génération Y, le krach du marché boursier international remontant à un peu plus de dix ans. Cette perception est celle d'une génération et devrait le rester.
Ce scepticisme tenace a fait émerger d'autres considérations qui ont permis aux sensibilités de la génération Y de stimuler le développement de la fintech, et il contribuera à façonner le paysage des services financiers de demain. Les entreprises de fintech visent à offrir à ces personnes une alternative claire aux établissements traditionnels, partisans du statu quo.
Les jeunes particuliers fortunés accueillent favorablement les robot-conseillers

Source: Capgemini, Evolution of the Automated Advisors, 2016.
LES JEUNES GÉNÉRATIONS ADOPTENT DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS FAÇONNÉS PAR LA CRISE FINANCIÈRE MONDIALE
- Contrairement aux générations précédentes, les membres de la génération Y semblent préférer la technologie aux relations en face à face. En outre, l'expérience traditionnelle de l'utilisateur qui se rend dans un lieu physique est désormais perçue comme quelque chose de négatif et de dépassé.
- Ils recherchent des produits numériques inédits qui s'accordent à leur vie quotidienne. La ligne qui sépare confiance dans la technologie et dépendance excessive à cette dernière est toutefois ténue, et la sécurité liée aux informations et à l'identité est une question sensible qu'il convient de gérer.
- La génération Y est plus encline à acheter un produit auprès d'une société (ou à travailler pour une société) ayant une mission bien définie dans le domaine social ou environnemental. Elle accorde plus de confiance aux sociétés responsables sur le plan social ou environnemental qu'à celles qui semblent avoir le profit pour seul objectif.
À mesure que ces impératifs s'intensifient, nous estimons que le futur de la finance dépendra de trois tendances de fond.
- Transformation numérique. Les infrastructures financières classiques demandent d'investir massivement dans les ressources humaines, les lieux physiques, des systèmes technologiques vieillissants et des processus papier encore plus anciens. Ces fondations dépassées mettent les établissements existants dans une position inconfortable, tant en termes de structure des coûts que d'expérience utilisateur. À l'inverse, les jeunes entreprises peuvent partir sur de nouvelles bases en adoptant dès le départ un modèle de pointe. Cette dynamique est à l'œuvre dans pratiquement chaque intégration verticale au sein des services financiers, y compris la banque, les marchés de capitaux, l'immobilier, l'assurance, les paiements, la gestion d'actifs et la gestion de patrimoine.
- Intelligence artificielle (IA). S'inspirant des stratégies d'Amazon et de Netflix, les sociétés financières existantes cherchent à passer d'un modèle « rechercher et naviguer » à un modèle « organiser et exécuter », où elles anticipent les besoins des clients en utilisant les données et l'apprentissage machine. Les nouvelles entreprises de fintech ont un impact réel dans des domaines essentiels aux yeux des consommateurs, tels que l'accès à des prêts aux petites entreprises ou hypothécaires, à des plans d'épargne « intelligents » auto-matisés fondés sur le profil d'un client, à des investissements plus judicieux pour les études la retraite, ou encore l'obtention d'une couverture d'assurance plus intéressante pour la santé, le domicile ou le véhicule.
- Technologie du registre distribué. S'agissant des services financiers, la technologie du registre distribué est prometteuse, car elle permet de suivre les transactions de manière transparente et inviolable. Il est ainsi possible de rationaliser les processus opérationnels et d'abréger les délais de règlement. Cela permet non seulement de réduire les coûts des sociétés de services financiers, mais également de libérer des capitaux, ce qui est de plus en plus important compte tenu de la baisse des rendements, du resserrement des structures de frais pour faire face à la concurrence et de l'intensification de la pression réglementaire depuis la crise financière. Les registres distribués peuvent être utilisés pour tokeniser des actifs, ce qui ouvre de nouvelles possibilités aux produits financiers. Les « contrats intelligents » basés sur la technologie des registres distribués peuvent par ailleurs aider à automatiser de nombreux aspects des services financiers.
Nos recherches nous apprennent qu'avec des connaissances plus approfondies axées sur les données, les établissements financiers devraient être en mesure de mieux identifier ce dont les consommateurs ont besoin et envie pour leurs engagements financiers, de donner la priorité aux investissements visant à améliorer l'expérience des clients, de remanier des processus dépassés et de créer des expériences numériques innovantes et intuitives.
L'AVENIR DE LA FINANCE SERA AUTOMATISÉ, INTELLIGENT ET EN TEMPS RÉEL

La capacité à utiliser les données pour en tirer des connaissances exploitables amène l'industrie financière vers un point d'inflexion en ce qui concerne sa capacité à créer pour le consommateur des expériences lisses et personnalisées à la fois prévisibles, pertinentes au niveau individuel et utiles.
QU'EST-CE QUE LA TOKENISATION?
La tokenization décrit la conversion d'actifs portant une valeur économique, comme un bien, une œuvre d'art ou un vin, en « tokens » (jetons) numériques qui peuvent être stockés et gérés par une technologie de registre distribué telle qu'une blockchain. Chaque token représenterait des droits de participation dans l'actif sous-jacent — par exemple un tableau — et ces tokens pourraient être négociés.

En Chine, Ant Financial (qui fait partie du conglomérat géant Alibaba) et Tencent sont totalement intégrées dans la vie financière de nombreuses personnes, leur offrant services bancaires, d'assurance et de paiement. On peut comprendre en quoi d'autres géants technologiques internationaux pourraient être tentés d'en faire autant.

Source: Kleiner Perkins, Franklin Research.
Si nous sommes conscients que, d'un point de vue réglementaire, la fintech chinoise a poussé sur un terreau très particulier, elle montre toutefois comment la fintech peut entrer dans la vie quotidienne des gens.
For example, many of the technologies that we think could come to dominate in a fintech world are already being widely used in Shenzhen, a Chinese city with 13 million people.
Par exemple, parmi les technologies dont nous pensons qu'elles pourraient finir par dominer un monde régi par la fintech, beaucoup sont déjà largement utilisées à Shenzhen, une ville chinoise de 13 millions d'habitants.
L'argent liquide y appartient très largement au passé, tout comme les cartes de crédit. Les achats se font en scannant les codes QR (pour l'anglais Quick Response) à l'aide d'un smartphone. Ce système fonctionne dans les épiceries, pour louer un vélo et même pour rétribuer les artistes de rue ou autres musiciens ambulants.
Ces transactions se font par le biais de deux systèmes de paiement principaux — Alipay et WeChat — auxquels le gouvernement chinois peut accéder. Le gouvernement utilise les données issues de ces systèmes de paiement pour suivre les comportements.
Si nous ne voyons pas nécessairement la domination d'Ant Financial et de Tencent comme les prémices d'une évolution mondiale, les grandes entreprises technologiques (entreprises « Big Tech ») ont clairement intérêt à s'implanter dans les services financiers.
Le secteur où ce constat est le plus visible est celui des paiements. Les sociétés Google, Apple, Amazon, Samsung et Facebook ont toutes pris leurs propres initiatives en matière de paiement électronique, puisqu'il s'agit d'un secteur qui demande un engagement fort de la part de consommateurs et génère des quantités massives de données.
Ces entreprises possèdent déjà des données susceptibles de leur indiquer qui sont nos amis, où nous nous trouvons exactement et ce que nous recherchons sur Internet. Nous pensons qu'elles viennent après les données de paiement, car ces dernières leur permettent de savoir comment nous dépensons notre argent.
En faisant l'acquisition d'un acteur établi dans le secteur des paiements, une grande entreprise technologique pourrait immédiatement mettre en place une plateforme rassemblant des millions d'utilisateurs qui lui permettrait de faire une entrée fracassante dans les services financiers.
RISPOSTE DES GRANDS ACTEURS DE LA FINANCE
Le besoin d'investir dans la technologie pour améliorer l'expérience des consommateurs, réduire les coûts et augmenter les revenus n'a jamais été aussi grand. Nos conversations avec des dirigeants et des professionnels des TIC dans d'autres banques, petites et grandes, nous indiquent que les investissements du secteur bancaire dans la technologie demeureront importants.
Cela dit, les entreprises offrant des services financiers traditionnels ne restent pas les bras croisés en voyant de nouveaux acteurs marcher sur leurs plates-bandes. Des applications mobiles telles que PayPal et Venmo ont nourri l'explosion des paiements de personne à personne, remplaçant les espèces et les chèques. Les banques sont désormais entrées dans la course pour prendre une part significative de marché à ces applications, au prix de coûteuses campagnes publicitaires destinées à présenter leurs services de paiement entre pairs.
La Chase Bank, la Bank of America et d'autres grandes banques américaines ont intégré l'outil de paiement Zelle dans leurs applications bancaires mobiles. De même, les acteurs traditionnels sont aux avant-postes des développements en matière de propriété intellectuelle liés aux monnaies virtuelles qui utilisent la blockchain et la technologie du registre distribué.
Des protocoles sont élaborés non seulement pour gérer la complexité et le volume de ces transactions révolutionnaires, mais également pour répondre aux contraintes réglementaires existantes et à venir imposées aux banques et aux bourses de valeurs.
Le fait de détenir des brevets dans ces domaines peut permettre de favoriser l'adoption de la technologie, de distinguer les fonctionnalités de plateformes exclusives ou de prévenir les poursuites légales. La Bank of America est un leader en termes de demande de brevets liés à la blockchain. Parmi les autres entreprises titulaires de brevets relatifs à la blockchain figurent Amazon, IBM, VISA, Goldman Sachs Group, eBay, American Express et Western Union.2
ICI ET MAINTENANT: L'AUTOMATISATION SE PROPAGE DANS LES SERVICES FINANCIERS
Nous pensons que les entreprises de fintech pourraient accéder à d'importantes opportunités de capter une part plus importante de l'ensemble des revenus générés par les services financiers dans le monde. Les exemples suivants montrent que l'influence de la fintech se manifeste déjà dans l'ensemble du secteur.
Composantes du secteur financier les plus susceptibles d'être perturbées par la fintech

Source: PwC Global FinTech Survey 2016.
Investissements
- Aujourd'hui, les courtiers humains ne prennent en charge que 25 % de la négociation des titres sur le marché boursier américain ; le reste est le fait de systèmes automatisés, tels que des programmes informatisés de trading à haute vitesse. Les humains rédigent le code et surveillent parfois les transactions, mais même ces fonctions sont de plus en plus accomplies par des machines.3
- Les régulateurs estiment que les ordinateurs génèrent à l'heure actuelle entre 50 et 70 % des échanges sur les marchés actions et 60 % de la négociation de contrats à terme standardisés, tandis que l'IA et l'apprentissage machine sont appliqués à d'énormes quantités de données afin de produire des conseils en investissement.4
- Les services de robot-conseil sont en plein essor. Ces comptes sont conçus pour rééquilibrer les allocations entre classes d'actifs lorsque des seuils prédéfinis sont atteints. Ils doivent maintenant être testés sur un cycle complet de marché en expansion puis en contraction, mais la volatilité récemment observée sur les marchés a révélé leur efficacité dans les modèles de service à la clientèle.
Systèmes de paiement
- Aujourd'hui, les nouveaux systèmes de paiement numérique sont prêts à éliminer l'usage des cartes de crédit et de débit et à changer la nature des services bancaires en ligne. En outre, toute une génération de jeunes gens se sent assez à l'aise à l'idée de ne jamais avoir sur soi d'argent liquide ni même de carte de crédit pour les besoins du quotidien.
- Des startups fintech telles que Plaid deviennent des points de connexion importants dans l'écosystème des services financiers. Plaid fournit une plateforme technologique qui aide les développeurs à créer des applications financières capables d'interagir avec les comptes bancaires et d'exécuter des paiements. Cette société collabore avec des banques comme JPMorgan Chase pour accompagner la transition massive de consommateurs utilisant leurs comptes bancaires pour un nombre toujours croissant de paiements électroniques. Alors que l'infrastructure de partage des données du secteur des services financiers continue à se renforcer, il sera plus aisé pour les startups de lancer de nouveaux produits, ce qui pourrait affaiblir la barrière des données qui a protégé les banques jusqu'à présent.
- On voit se développer une présence croissante des applications de paiement numérique dans les marchés émergents, qui étendent l'univers des consommateurs de façon à inclure des personnes qui ne possèdent pas encore de compte bancaire. Cela représente une immense source potentielle de clients — et de données de clients —, mais aussi un défi pour le secteur bancaire traditionnel.
Prêt
- La faiblesse des taux d'intérêt et une croissance économique constante aux États-Unis ont incité davantage de petites entreprises à demander un crédit abordable, et plus de consommateurs à emprunter ou à refinancer leur dette contractée avec des intérêts élevés. LendingClub, SoFi et d'autres jeunes pousses du prêt en ligne disposent d'un avantage concurrentiel sur les banques freinées par une technologie ancienne. Il manque cependant à ces entreprises l'accès aux sources de financement stables et bon marché dont jouissent les banques réglementées. Plutôt que d'élaborer une technologie et un processus en partant de zéro, les banques pourraient de plus en plus choisir de s'associer à des plateformes de prêt en ligne.
- Vers la fin 2018, on a vu une vague de startups proposant des prêts alternatifs chercher à lever des fonds. L'activité de prêt alternatif comprend l'octroi de prêts, sans faire appel aux banques, aux entreprises et aux particuliers. Des plateformes mettent en relation les prêteurs (souvent des investisseurs privés ou institutionnels) et les emprunteurs potentiels. La croissance dans ce domaine est révélatrice, car l'activité de prêt était un des segments les plus importants de la fintech voici quelques années, mais l'intérêt des investisseurs a fléchi après que plusieurs entreprises de renom aient rencontré des difficultés suite à leur introduction en bourse. Une nouvelle génération de startups proposant des prêts alternatifs tente d'utiliser l'apprentissage machine pour améliorer la souscription et s'efforce d'innover sur la question du financement aux points de vente en offrant des alternatives aux cartes de crédit traditionnelles.
Assurance
- Le secteur de l'assurance est mûr pour une disruption. Le financement des entreprises d'insurtech —compagnies d'assurance appliquant les nouvelles technologies, la finance comportementale et l'analyse de données — a atteint des niveaux records en 2018, alimenté par d'importants investissements. Le financement toutes étapes confondues s'est établi à 4,15 milliards de dollars en 2018, soit une hausse de 87 % par rapport à l'année précédente selon une analyse de Willis Towers Watson.5 Les nouvelles sociétés se concentrent sur le maintien à un bas niveau des coûts et des taux des primes en traitant pratiquement toutes les opérations via des applications mobiles.
Immobilier
- L'immobilier a pris du retard sur les autres branches des services financiers dans l'adoption de la technologie, mais c'est en train de changer. Davantage de données sont produites et consommées afin de prendre de meilleures décisions sur la façon de souscrire des transactions immobilières et d'y investir. La création d'un plus grand nombre d'outils technologiques permet de rationaliser le travail des courtiers, des agents et des responsables de crédit. Ces modèles économiques font l'objet d'une innovation plus marquée, et plusieurs entreprises de fintech bien capitalisées achètent et vendent des maisons sur leur propre bilan. Compte tenu de la taille considérable du marché immobilier, nous pensons que nous allons voir bon nombre de startups fintech relever les défis auxquels ce marché est confronté en accomplissant une transformation numérique.
Paiements entre entreprises
- Alors que le marché des paiements des consommateurs semble recueillir la plus grande partie de l'attention, le volume des transactions au niveau des paiements d'entreprise à entreprise (B2B) est en réalité plus important. Le problème est que dans leur grande majorité, ces paiements sont effectués par chèque, ce qui entraîne des coûts de traitement élevés compte tenu du nombre d'intervenants et de la quantité de documents impliqués. On voit émerger un nombre considérable d'innovations dans le segment des paiements B2B, des solutions d'automatisation des comptes créditeurs aux transactions transfrontalières en passant par la gestion des frais professionnels. Du fait de l'immensité de ce marché, nous pensons que la marge de progression des fintechs dans ce secteur est considérable.
Ludification
- Nous pensons que la ludification de la finance est une tendance émergente et sous-estimée. Le fait d'incorporer une dynamique de jeu dans les services financiers pourrait modifier ce que les consommateurs dépensent, épargnent, investissent, remboursent et assurent, comment ils le font et quand.
- Nous estimons qu'une finance ludifiée deviendra une nouvelle grande catégorie qui aidera les particuliers à modifier leur comportement en matière de finances, et devrait renforcer l'implication et la fidélisation des clients. Cela pourrait constituer une disruption pour les banques existantes, dans la mesure où les utilisateurs associent leur compte bancaire actuel à des applications de finance ludifiée et sont incités à retirer leur dépôt direct de chez leur fournisseur existant. Ces applications ajoutent des jeux sociaux qui les aident à devenir virales. Une fois qu'une société possède la relation liée au compte courant principal, elle peut y ajouter la vente d'autres produits tels que des placements, des contrats d'assurance et des opérations de refinancement de la dette. Nous avons récemment rencontré les startups qui sont selon nous dominantes dans cet espace.
QU'EST-CE QUE LA LUDIFICATION ?
La ludification est une méthode qui peut être utilisée pour stimuler l'implication ou le comportement des utilisateurs en vue d'atteindre un objectif particulier à travers l'utilisation de concepts qui ressortent du jeu. L'idée est que les personnes manifestent des intérêts humains naturels (y compris la compétition et les jeux) que les entreprises peuvent utiliser pour impliquer leurs clients réels et potentiels.
La ludification peut également aider les entreprises à collecter des données cruciales sur leurs clients finaux ; elle peut aider les entreprises proposant des services financiers à vendre leurs produits tout en les proposant directement aux clients finaux afin d'offrir une valeur plus profonde, et aider les clients à prendre des décisions.
Démocratisation des investissements alternatifs
- L'accès à des investissements alternatifs comme le capital-risque, l'immobilier commercial et les fonds alternatifs se limite historiquement aux investisseurs institutionnels et aux particuliers fortunés. Nous assistons au démantèlement, par une convergence de facteurs, des barrières qui font hésiter les investisseurs particuliers et nous nous attendons à ce que cet accès soit largement facilité. Au niveau réglementaire, aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC) a indiqué qu'elle était prête à étudier les moyens d'améliorer l'accès des investisseurs particuliers aux marchés privés et d'autres alternatives.
- Sur le plan de la technologie, nous assistons à la création de plateformes fintech destinées à faciliter les investissements dans des actifs alternatifs tels que biens immobiliers, sociétés privées, voitures de collection et œuvres d'art. Si les portefeuilles des investisseurs particuliers ont aujourd'hui tendance à être un mélange d'actions et d'obligations, nous pensons que les portefeuilles particuliers du futur seront bien plus diversifiés et compteront davantage d'actifs alternatifs. Plusieurs fintechs étudient également les moyens d'utiliser des techniques de tokenisation de la blockchain pour rendre les investissements dans les actifs alternatifs plus liquides, ce qui offre selon nous de vastes possibilités.
Rationalisation du recouvrement et du remboursement de créances
- Le recouvrement et le remboursement de créances représente un secteur d'activité essentiel, en particulier pour les banques, mais il a pris du retard par rapport à d'autres niches des services financiers au niveau de l'adoption des technologies. Nous pensons que c'est en train de changer. Nous avons récemment rencontré diverses startups qui utilisent des infrastructures technologiques modernes et l'apprentissage machine pour améliorer les taux de recouvrement des créances tout en offrant un meilleur service aux clients. Nous nous attendons à ce que ce secteur soit particulièrement performant si l'économie mondiale entre en récession et si la demande en services de recouvrement de créances augmente.
Technology Stack
A technology stack, also called a solutions stack, is a list of all the technology services used to build and run one single application.
Solutions pour les petites entreprises
- Historiquement, les petites entreprises sous-utilisent la technologie, leur taille empêchant les fournisseurs de technologie de leur vendre des produits et de les servir de manière rentable. Nous constatons aujourd'hui que les startups qui s'appuient sur des infrastructures technologiques modernes et repèrent les bons canaux de distribution trouvent des moyens pour servir les petites et moyennes entreprises (PME) d'une façon naguère impensable. Nous rencontrons les dirigeants de plusieurs startups prometteuses, qui voient un formidable intérêt à vendre des logiciels personnalisés aux PME dans des domaines tels que les régimes de retraite financés par l'employeur, l'automatisation des comptes créditeurs, ou encore la gestion des salaires et du capital humain.
Nous sommes convaincus que le secteur des services numériques devra se numériser progressivement, et que chaque entreprise aura finalement besoin de nouer avec ses clients des relations axées sur le service et l'abonnement, périodiques et, au final, basées sur les données. Les entreprises devront ensuite rendre ces données opérationnelles afin de tirer une plus grande valeur de leurs clients.
Si elles ne le font pas, elles risquent d'être perturbées par l'irruption d'un acteur « natif du numérique » sur leur marché, ou par une entreprise déjà implantée qui aura fait les investissements technologiques jugés cruciaux pour devenir numériquement pertinente.
Conclusion
La fintech englobe de nombreux secteurs verticaux et segments, notamment l'IA, l'apprentissage machine, les sciences relatives aux données, la gestion de patrimoine numérique, la finance des particuliers, le robot-conseil, l'analyse de portefeuille et de risque, la blockchain, la recherche financière.
La rupture technologique peut être à la fois un défi et une opportunité, et c'est pourquoi il est important de savoir combiner agilité et rapidité pour investir intelligemment dans la technologie, le tout dans des secteurs fortement réglementés.
Notes de fin
- Source: Accenture.
- Source: Envision IP, janvier 2018.
- Source: CFA Institute: Algorithmic Trading and High-Frequency Trading, 2019.
- Source: estimations de Tabb Group.
- Source: Willis Towers Watson Quarterly InsurTech Briefing Q4 2018, février 2019.
QUELS SONT LES RISQUES?
Tout investissement comporte un risque, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi. Les investissements dans des secteurs à forte croissance comme celui de la technologie (historiquement volatil) peuvent connaître une fluctuation boursière accrue, notamment sur le court terme, en raison des cycles de vie produits courts, des baisses de prix et de profits, de la concurrence de nouveaux entrants, de la création ou de la modification de réglementations publiques dans le sillage d'avancées scientifiques ou technologiques, ou des conditions économiques générales. Les prix des valeurs de croissance reflètent les prévisions de bénéfices ou de revenus, et peuvent donc chuter brutalement si les entreprises publient des résultats inférieurs. L'achat et l'utilisation d'une crypto-monnaie basée sur la blockchain, telle que le bitcoin, comporte des risques. Le négoce spéculatif des crypto-monnaies, dont beaucoup affichent des cours extrêmement volatils, entraîne des risques considérables. Entre autres risques, les interactions avec les entreprises prétendant offrir des plateformes de paiement en crypto-monnaie et d'autres produits et services connexes peuvent exposer les utilisateurs à la fraude. La technologie blockchain est une nouvelle technologie relativement peu éprouvée qui peut ne jamais être mise en application à une échelle fournissant des avantages identifiables. Investir dans des crypto-monnaies et des ICO est hautement spéculatif et un investisseur peut perdre l'intégralité de son placement. Si une crypto-monnaie est considérée comme un titre, elle peut être considérée comme une violation de la législation fédérale sur les valeurs mobilières. Il peut exister un marché secondaire limité ou inexistant pour les crypto-monnaies.
