CONTRIBUTEURS

Dina Ting, CFA
Head of Global Index Portfolio Management,
Franklin Templeton ETFs
L’Inde se prépare à accorder d’importantes concessions commerciales aux États-Unis à l’approche de la rencontre entre son Premier ministre Narendra Modi et le président américain Donald Trump prévue en février à Washington, qui vise à assurer l’alignement géopolitique des deux pays et à réduire les déséquilibres commerciaux. Les échanges commerciaux entre ces deux pays se sont élevés à plus de 129 milliards de dollars en 2024, avec un excédent de plus de 45 milliards de dollars en faveur de l’Inde.1
Modi, qui s’est empressé de souligner sa relation « forte, personnelle » avec Trump, a tenu récemment des propos conciliants et décrit cette visite comme l’occasion de « poursuivre dans la lignée de nos relations fructueuses lors du premier mandat (de Trump) ».
Les relations commerciales entre les États-Unis et l’Inde se sont renforcées constamment au cours de la dernière décennie, et Washington perçoit de plus en plus le sous-continent indien comme un contrepoids face à l’influence croissante de la Chine dans la région. À l’ère Trump 2.0, marquée par l’importance accordée à la réciprocité, les investisseurs internationaux sont avides de connaître les vents porteurs politiques et d’estimer jusqu’à quel point les dirigeants étrangers seraient prêts à s’aligner sur les priorités de Trump.
Dans le but manifeste d’apaiser Trump, Modi s’est récemment engagé à collaborer avec les États-Unis pour rapatrier quelque 18 000 ressortissants indiens actuellement en situation irrégulière aux États-Unis. Le Pew Research Center estime que 725 000 immigrés indiens vivent actuellement en situation irrégulière aux États-Unis.
Modi, qui a affirmé avec assurance son objectif ambitieux de faire de l’Inde une nation développée d’ici à 2047, cherchera à rétablir les relations commerciales privilégiées avec les États-Unis dont l’Inde avait bénéficié jusqu’à l’expiration du programme commercial clé connu sous le nom de « Système des préférences généralisées » il y a cinq ans.
Nous pensons que les efforts déployés par l’Inde en faveur de l’inclusion financière et de l’innovation dans les technologies financières favorisent les secteurs de la finance, de la consommation discrétionnaire et de la technologie dans le pays, les trois secteurs qui pèsent le plus lourd dans l’indice BSE 200.2 L’économie continue de souffrir de la croissance atone du crédit et d’un chômage élevé chez les jeunes. Le budget 2025 du pays prévoit toutefois des réductions d’impôts et d’autres réformes qui devraient stimuler la croissance et attirer les investissements. En outre, les valorisations sont actuellement inférieures à leurs moyennes à long terme.3 Nonobstant la volatilité à court terme, avec un ratio cours/bénéfices de 22 à l’heure actuelle, nous pensons que les investisseurs pourraient trouver les valorisations sur le marché indien plus intéressantes aujourd’hui qu’à n’importe quel moment depuis les élections législatives de juin dernier.4
À l’inverse, notre analyse indique que les valorisations des actions américaines sont actuellement élevées. Même si elles n’ont pas encore retrouvé les sommets atteints lors du boom des « dotcoms », la menace de l’inflation pourrait modérer l’optimisme des marchés. Nous pensons qu’une exposition internationale plus large, y compris des allocations à l’Inde, pourrait atténuer la volatilité et offrir un environnement d’investissement plus stable.
L’Inde, pour sa part, a renforcé son secteur manufacturier orienté vers l’exportation en concluant activement de nombreux accords de libre-échange (ALE) qui excluent les États-Unis. Elle a notamment conclu des ALE avec les Émirats arabes unis, l’Australie et l’Association européenne de libre-échange (AELE). Des négociations sont également en cours entre le gouvernement indien et le Royaume-Uni, Oman et l’Union européenne. Certains économistes s’attendent à ce que ces ALE contribuent de manière significative à la croissance de l’économie indienne, et on prévoit une augmentation des investissements directs étrangers (IDE) par des investisseurs séduits par un meilleur accès au marché, une intégration accrue et un environnement plus compétitif. Un accord entre l’Inde et les pays de l’AELE, par exemple, pourrait se traduire par 100 milliards de dollars d’IDE à destination du pays sur une période de 15 ans.5
Sachant qu’aussi bien les États-Unis que l’Inde souhaitent atténuer l’impact de l’Initiative « Belt and Road » de la Chine (qui vise à renforcer l’intégration régionale, à accroître les échanges commerciaux et à stimuler la croissance économique en reliant l’Asie à l’Afrique et à l’Europe par des réseaux terrestres et maritimes), nous pensons qu’il subsiste de solides incitants qui devraient profiter à l’Inde, le pays d’Asie à la population la plus importante.
Notes de fin
- Source : « Trade in Goods with India. » US Census Bureau. 2024.
- L’indice BSE 200 est conçu pour mesurer la performance des 200 plus importantes entreprises cotées à la bourse de Bombay (BSE Ltd.) sur la base de leur taille et de leur liquidité sur l’ensemble des secteurs. Les indices ne font l’objet d’aucune gestion et il n’est pas possible d’y investir directement. Ils ne tiennent pas compte des commissions, dépenses ou frais de vente. Consultez le site www.franklintempletondatasources.com pour obtenir des informations supplémentaires sur les fournisseurs de données.
- Source : Bloomberg, au 10 février 2025.
- Ibid.
- Source : « Free-Trade Agreements Add to Manufacturing Appeal. » Bloomberg. 20 janvier 2025.
QUELS SONT LES RISQUES ?
Tout investissement comporte des risques, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi.
Les titres en actions sont sujets à des fluctuations de cours et peuvent occasionner une perte de capital. Les investissements internationaux sont sujets à des risques spéciaux, dont les fluctuations des devises, ainsi que les incertitudes sociales, économiques et politiques qui peuvent en accentuer la volatilité. Ces risques sont amplifiés dans les marchés émergents. Les investissements dans des entreprises d’un pays ou d’une région spécifique peuvent connaître une plus grande volatilité que ceux qui présentent une plus importante diversification géographique.
