Trois choses auxquelles nous réfléchissons aujourd’hui :
- Surperformance des marchés émergents : Les marchés émergents surperforment les actions mondiales1 depuis le début de cette année 2025. Plusieurs facteurs expliquent cette progression, notamment l’affaiblissement du dollar américain, les opportunités liées à la demande intérieure et la souplesse des politiques menées. En termes historiques, les actions des marchés émergents ont tendance à surperformer leurs homologues mondiales lorsque le dollar américain se montre plus faible, et le cycle actuel ne semble pas y déroger. Le fait que la croissance de la demande intérieure soit éventuellement en mesure de compenser les droits de douane imposés par l’administration Trump a également ravivé l’intérêt des investisseurs pour les actions des marchés émergents. En outre, la flexibilité politique dont disposent les gouvernements des marchés émergents face à des marchés développés qui n’ont qu’une marge de manœuvre limitée a elle aussi apporté du soutien aux marchés actions des premiers. Tous ces éléments sont autant de facteurs qui viennent renforcer notre opinion, à savoir que les marchés émergents sont sous-détenus, sous-évalués et sous-estimés.
- Négociations tarifaires avec la Chine : La Chine comme les États-Unis ont intérêt à engager des discussions en vue de réduire les droits de douane appliqués à leurs importations respectives. Des signes de désescalade se font déjà sentir : les États-Unis ont exempté de droits de douane certains produits électroniques chinois à destination du grand public, tandis que la Chine a discrètement supprimé les droits sur certains semi-conducteurs, produits pharmaceutiques et moteurs d’avion importés du territoire américain. Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a qualifié les droits de douane actuels à l’encontre de la Chine « d’intenables », et nous estimons que l’ouverture des négociations n’est plus qu’une question de temps. Les mouvements de marché semblent conforter cette vision, avec une progression de 9 % de l’indice MSCI China depuis le début de l’année2 .
- Le Mexique se rapproche d’un accord commercial : Le président américain Donald Trump n’a fait aucun mystère de sa volonté de renégocier l’accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC), qu’il avait pourtant conclu lors de son premier mandat. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum s’est empressée de répondre aux préoccupations de Washington, en obtenant une réduction spectaculaire des flux migratoires et en progressant dans la lutte contre le trafic de Fentanyl vers les États-Unis. Le marché semble s’attendre à ce que les États-Unis, le Mexique et le Canada parviennent à renégocier l’AEUMC, évitant ainsi une flambée des droits de douane, comme en témoigne la progression de 20 % de l’indice MSCI Mexico depuis le début de l’année3.
Perspectives
Un groupe composé de cinq de nos gérants de portefeuille et analystes a pris part à Dubaï à une conférence majeure, la plus importante du genre dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Cet évènement coïncidait avec la chute brutale des prix du pétrole observée plus tôt dans le mois. L’équipe a rencontré 85 entreprises, repartant avec quelques impressions positives en dépit d’un contexte marqué par des incertitudes externes.
Les entreprises tournées vers les marchés intérieurs ont fait état d’une activité quasi normale. En réalité, bien que certaines sociétés présentes à la conférence aient déclaré suivre de près les évènements extérieurs, notamment sur le front des droits de douane ou des tensions géopolitiques, aucune n’avait encore commencé à revoir sa stratégie. Pour ces acteurs, les tensions sectorielles peuvent constituer des opportunités : elles facilitent la sortie des entreprises les plus fragiles et permettent à l’inverse aux plus solides de gagner des parts de marché.
C’est ce qu’ont confirmé les échanges entre l’un de nos gérants et les équipes dirigeantes de plusieurs entreprises saoudiennes. De nombreuses sociétés du royaume cherchent à collaborer avec le gouvernement saoudien ou avec le fonds souverain du pays dans le cadre de projets liés à l’initiative Vision 2030. Cette stratégie a pour ambition de diversifier l’économie et de réduire sa dépendance à l’égard du pétrole. Ces partenariats potentiels couvrent des secteurs variés, tels que les infrastructures, l’énergie, la santé et la technologie, sous la forme d’attributions de projets ou toute autre forme, y compris les partenariats public-privé ou les coentreprises. Bien que ces partenariats n’aient pas encore vu le jour, nous avons le sentiment que des occasions pourraient se présenter à moyen et à long terme. L’Arabie saoudite aurait ainsi la possibilité de s’appuyer sur des grands groupes pour alimenter la croissance hors hydrocarbures de son économie. Les entreprises concernées y trouveraient également leur compte. Ainsi, une coentreprise existante entre une entreprise de logistique et de transport et une entreprise détenue majoritairement par l’État a apporté à la première un portefeuille de projets et d’accords, lui assurant une visibilité sur ses bénéfices.
Bien que la région MENA soit généralement perçue comme fortement dépendante des cours du pétrole, plusieurs pays ont d’ores et déjà amorcé une diversification de leurs moteurs de croissance économique. Selon l’un de nos gérants basés dans la région, l’Arabie saoudite reste le pays le plus exposé à un scénario de baisse régulière et durable des prix de l’or noir. Toutefois, nos échanges continus avec des entreprises saoudiennes ont permis de faire apparaître ce que nous considérons comme des dynamiques positives et complexes. Nous poursuivrons ce dialogue approfondi et structurant, que nous estimons essentiel pour enrichir notre lecture des marchés et guider la construction de nos portefeuilles dans cet environnement incertain.
Analyse des marchés : avril 2025
Hausse des actions des marchés émergents en avril 2025. L’annonce, le 2 avril, de nouveaux droits de douane par l’administration Trump à l’occasion de ce qu’elle a appelé « Liberation Day », a provoqué des réactions contrastées. Le président américain a abaissé, pour une période de 90 jours, les droits de douane réciproques applicables aux pays qui ont tenté de négocier à 10 %. Si la plupart des nations ont engagé des pourparlers, la Chine, pour sa part, a riposté en augmentant les tarifs douaniers sur ses importations en provenance des États-Unis. Sur le mois, l’indice MSCI EM a progressé de 1,34 %, contre 0,94 % pour l’indice MSCI World.
Les marchés émergents d’Asie ont gagné du terrain. Les actions chinoises ont reculé dans un contexte d’escalade des tensions commerciales entre les deux plus grandes économies mondiales, la Chine et les États-Unis imposant chacun des droits de douane sur les exportations de l’autre. Des déclarations contradictoires sur l’état des négociations entre la Chine et les États-Unis ont par ailleurs souligné la persistance des tensions sous-jacentes. À Taïwan, les autorités ont activé plusieurs dispositifs de stabilisation des marchés (notamment un fonds de soutien et des restrictions sur les ventes à découvert) en vue d’atténuer la volatilité provoquée par les mesures tarifaires.
Les actions sud-coréennes sont parvenues à gagner du terrain. Le gouvernement a annoncé une augmentation de son plan de soutien à la filière des semi-conducteurs afin de compenser la hausse des coûts, tout en présentant une enveloppe supplémentaire destinée à relancer les secteurs stratégiques. La banque centrale a, quant à elle, marqué une pause dans son cycle d’assouplissement monétaire et maintenu son taux directeur inchangé dans le but de stabiliser le won. Les actions indiennes ont été dynamisées par l’annonce d’un report des droits de douane américains sur les automobiles, mais aussi par la baisse des taux d’intérêt sur les produits d’épargne appliquée par les banques du pays. La décision de la Reserve Bank of India de réduire son taux de mise en pension (repo), en cohérence avec le recul de l’inflation, ainsi que ses injections de liquidités en faveur du secteur financier, ont apporté un soutien supplémentaire aux valeurs bancaires. Notre gérant actions Asie estime qu’un scénario de désescalade est hautement probable, les États-Unis étant susceptibles de parvenir à des accords bilatéraux sur les droits de douane réciproques avec la plupart des pays, à l’exception de la Chine, dans les trois prochains mois.
Progression des actions dans la région Europe émergente, Moyen-Orient et Afrique. Les prix du pétrole ont reflué dans un contexte de tensions commerciales accrues et à la suite de la décision inattendue de certains membres de l’OPEP+ de relancer leur production. Cette baisse des cours a ravivé la crainte d’un ralentissement des réformes économiques dans les pays producteurs de pétrole, notamment en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. En Turquie, la banque centrale a surpris les marchés en relevant son taux directeur de 350 points de base, le portant à 46 %, à contrepied du cycle d’assouplissement en cours jusqu’alors. Bien que cela ait contribué à ramener un peu de calme après les turbulences observées sur les marchés en mars à la suite de l’arrestation du maire d’Istanbul, les actions turques ont tout de même terminé le mois en baisse.
Hausse des actions en Amérique latine. Les marchés mexicains ont bondi, les exportations entrant dans le cadre de l’AEUMC échappant aux droits de douane annoncés par les États-Unis lors du « Liberation Day ». La possibilité d’un allègement tarifaire sur d’autres exportations non couvertes par l’accord est également apparue. La baisse des taux d’intérêt a également dynamisé les actions mexicaines. Au Brésil, les marchés se sont également raffermis, portés par l’engagement du pays à poursuivre des négociations commerciales avec les États-Unis, tout en cherchant à élargir son réseau d’accords bilatéraux.
Notes de fin
- Sur la base de l’évolution de l’indice MSCI All Country World entre le 1er janvier 2025 et le 30 avril 2025.
- Sur la base de l’évolution de l’indice MSCI China entre le 1er janvier 2025 et le 30 avril 2025.
- Sur la base de l’évolution de l’indice MSCI Mexico entre le 1er janvier 2025 et le 30 avril 2025.
Définitions des indices
Les performances passées ne sont ni un indicateur ni une garantie des résultats futurs. Les indices ne sont pas gérés et il n'est pas possible d'y investir directement. Mentions et conditions importantes concernant les fournisseurs de données disponibles sur www.franklintempletondatasources.com.
- L'indice MSCI All Country World est un indice pondéré selon la capitalisation boursière, ajusté en fonction du flottant, conçu pour mesurer le rendement des actionsdes marchés mondiaux développés et émergents.
- L'indice MSCI Brazil mesure la performance des moyennes et des grandes capitalisations du marché brésilien.
- L’indice MSCI China regroupe les grandes et moyennes capitalisations parmi les actions chinoises A, H et B, les Red chips, les P chips et les cotations à l’étranger(par ex. les ADR).
- L’indice MSCI EM Asia ex Japan reflète les grandes et moyennes capitalisations de deux marchés développés sur trois (hors Japon) et de huit marchés émergents.
- L’indice MSCI EM Latin America reflète les moyennes et grandes capitalisations de cinq marchés émergents (ME) d’Amérique latine.
- L’indice MSCI Emerging Markets EMEA reflète les moyennes et grandes capitalisations de 11 marchés émergents d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique (EMEA).
- L’indice MSCI EM est un indice pondéré selon la capitalisation boursière, ajusté en fonction du flottant, conçu pour mesurer le rendement des actions des marchésémergents mondiaux.
- L’indice MSCI India est conçu pour mesurer la performance des moyennes et grandes capitalisations du marché indien.
- L’indice MSCI Mexique est conçu pour mesurer la performance des moyennes et grandes capitalisations du marché mexicain.
- L’indice MSCI South Korea est conçu pour mesurer la performance des moyennes et grandes capitalisations du marché sud-coréen.
- L’indice MSCI Turkey est conçu pour mesurer la performance des moyennes et grandes capitalisations du marché turc.
- L’indice MSCI World reflète les moyennes et grandes capitalisations de 23 pays des marchés développés.
QUELS SONT LES RISQUES ?
Tout investissement comporte des risques, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi.
Les titres en actions sont sujets à des fluctuations de cours et peuvent occasionner une perte de capital.
Les investissements internationaux sont sujets à des risques spéciaux, dont les fluctuations des devises, ainsi que les incertitudes sociales, économiques et politiques qui peuvent en accentuer la volatilité. Ces risques sont amplifiés dans les marchés émergents. Les investissements dans des entreprises d’un pays ou d’une région spécifique peuvent connaître une plus grande volatilité que ceux qui présentent une plus importante diversification géographique.
La participation du gouvernement à l'économie reste importante et, par conséquent, les investissements en Chine seront soumis
à des niveaux de risque réglementaire plus élevés que dans de nombreux autres pays.
Les investissements en Chine, à Hong Kong et à Taïwan comportent des risques spécifiques, notamment une liquidité réduite, l’expropriation, une fiscalité confiscatoire, des tensions commerciales internationales, des nationalisations, des réglementations en matière de contrôle des changes et une inflation rapide ; autant de facteurs qui peuvent avoir une incidence négative sur le fonds.
Les investissements à Taïwan pourraient souffrir des relations politiques et économiques de ce pays avec la Chine.
