CONTRIBUTEURS

Kim Catechis
Investment Strategist,
Franklin Templeton Institute
Intéressons-nous au nouveau gouvernement
Imaginez un animal de grande taille, avec la tête d’un bœuf, les cornes d’un buffle, la crinière d’un cheval et le corps d’une grande antilope. Cet animal est un gnou.1 « GNU » est également l’acronyme du nouveau gouvernement sud-africain d’unité nationale.
Après 30 ans d’un gouvernement dirigé par le Congrès national africain (ANC), une coalition ouverte composée de 11 partis allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite contrôle 288 des 400 sièges du parlement. Cyril Ramaphosa conserve son mandat de président et dirige un cabinet composé de 34 ministres issus de six partis de la coalition. À l’instar du gnou, ce gouvernement est composé de plusieurs couleurs politiques, mais la majorité des sièges sont détenus par le centre-gauche (57 %) et le centre-droit (37 %). Deux partis ont refusé d’adhérer : uMkhonto weSizwe (MK)22 et Economic Freedom Fighters (EFF). Ce sont précisément les partis que les investisseurs internationaux ne voulaient pas voir au gouvernement, en raison de leurs programmes extrêmes, notamment la confiscation et la nationalisation des terres.
L’ANC garde la mainmise sur les principaux ministères : finances, défense, santé, commerce et industrie, justice, énergie et électricité, exploitation minière, ainsi que le poste de vice-président. L’Alliance démocratique (DA) a quant à elle récupéré les portefeuilles des infrastructures, de l’agriculture, de l’immigration et de l’éducation, ainsi que les postes de vice-ministre des finances, du commerce, de l’énergie, du développement des petites entreprises et de l’eau.
Que doivent retenir les investisseurs ?
Puisque l’ANC a régné sur la politique sud-africaine ces 30 dernières années, aucun des membres de la nouvelle coalition ne possède l’expérience d’un gouvernement national. Il leur faudra donc un peu de temps pour s’approprier leurs portefeuilles. Compte tenu des différences idéologiques, il sera très difficile d’éviter les confrontations sur la ligne de conduite, même si personne ne voudra donner l’impression de faire ouvertement de l’obstruction.
La patience des électeurs sera probablement de courte durée, car les attentes sont élevées. L’ANC a été sanctionné pour son incapacité à fournir des services de base tels que l’électricité et l’eau, et les piètres performances économiques du pays se sont traduites par l’un des taux de chômage les plus élevés au monde. Eskom, la compagnie nationale d’électricité, souffre toujours de pannes imprévues et de défaillances d’équipement qui empêchent plus d’un quart de sa capacité installée de fonctionner. Les lacunes en matière d’infrastructures de transport empêchent le fret ferroviaire et les volumes portuaires de se développer. L’investissement dans les infrastructures doit être une priorité.
En termes de politique économique, les investisseurs internationaux ont, de manière générale, toujours préféré une coalition avec la DA. Les marchés sud-africains des obligations et des actions ainsi que le rand ont réagi favorablement, comme on pouvait s’y attendre, à l’absence des deux partis populistes au gouvernement et à une administration largement centriste. Les attentes liées aux réformes et au programme économique libéral risquent d’être quelque peu déçues à court terme, mais une feuille de route vers la reprise est en cours d’élaboration. Nous avons le sentiment que le GNU peut être comme le gnou. Lorsque le gnou, qui pèse jusqu’à 270 kilogrammes, s’élance dans la savane, il peut atteindre une vitesse de 80 kilomètres à l’heure : autant dire qu’il ne s’arrête pas facilement une fois lancé !
Notes de fin
- Le titre de cet article s’inspire de « The Gnu », une chanson humoristique écrite dans les années 1950 par Flanders et Swann. Le gnou est parfois appelé « wildebeest » (ce qui signifie « bœuf sauvage » en afrikaans ou « bête sauvage » en néerlandais).
- Le nouveau parti MK de Jacob Zuma, l’ex-président tombé en disgrâce et contraint de démissionner en 2018 après une série de scandales de corruption, a obtenu un score sans précédent de 14,58 %.
QUELS SONT LES RISQUES ?
Tout investissement comporte des risques, notamment celui de ne pas récupérer le capital investi.
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Les investissements internationaux sont sujets à des risques spéciaux, dont les fluctuations des devises, ainsi que les incertitudes sociales, économiques et politiques qui peuvent en accentuer la volatilité. Ces risques sont amplifiés dans les marchés émergents. Les investissements dans des entreprises d’un pays ou d’une région spécifique peuvent connaître une plus grande volatilité que ceux qui présentent une plus importante diversification géographique.
Les entreprises et/ou les études de cas mentionnées ici sont utilisées uniquement à des fins d’illustration ; tout investissement peut ou non être détenu par un portefeuille conseillé par Franklin Templeton. Les informations fournies ne constituent ni une recommandation ni des conseils individuels en investissement pour un titre, stratégie ou produit de placement spécifique. Elles n’indiquent pas les intentions de négociation de tout portefeuille géré par Franklin Templeton.
