CONTRIBUTEURS

John L. Bellows, PhD
Le symposium annuel de Jackson Hole peut être un événement important pour les décideurs politiques et les investisseurs. Le point d’orgue en est bien souvent le discours du président de la Réserve fédérale (Fed). Dans le passé, le discours du président de la Fed a été l’occasion de donner une première impression des évolutions importantes de la politique monétaire. On se souviendra en particulier du discours de Ben Bernanke en 2012. Dans ce discours, Bernanke avait donné un avant-goût du programme QE3 annoncé officiellement quelques semaines plus tard. De même, Jerome Powell a lui aussi profité de la visibilité de Jackson Hole pour faire des annonces importantes ou avancer avec force ses arguments. En 2020, il a profité de son discours à Jackson Hole pour annoncer un nouveau cadre de politique monétaire. En 2021, son discours a défendu les perspectives de la Fed concernant l’inflation. (Soit dit en passant, les allocutions d’autres participants au symposium peuvent avoir leur importance. Mario Draghi a fait sensation en 2014 avec un discours jetant les bases des achats d’obligations souveraines par la Banque centrale européenne, annoncés officiellement quelques mois plus tard.)
À la lumière de cet historique, certains observateurs s’attendaient logiquement à ce que Powell prononce aujourd’hui un discours important ou lourd de conséquences. Ces attentes ont toutefois été déçues puisque Powell a prononcé une allocution ordinaire et qui n’apporte rien de nouveau. Son discours n’a évoqué aucun cadre, ancien ou nouveau, et a généralement évité d’aborder le moindre point controversé comme les causes de l’inflation ou les perspectives à long terme. Au lieu de s’attaquer à ces thématiques majeures, qui auraient eu leur importance pour les perspectives de la Fed si elles avaient été évoquées, Powell s’est contenté de répéter des points déjà connus : l’inflation est trop élevée et la Fed va agir de manière résolue pour la faire baisser. Ces thèmes ont été abordés dans toutes les allocutions et remarques de Powell cette année. En les répétant aujourd’hui, Powell n’a pas apporté grand-chose de nouveau aux perspectives.
Même si le discours de Powell n’a pas apporté grand-chose d’intéressant, les observations d’autres responsables de la Fed présents au symposium ont levé un petit coin du voile sur la politique monétaire à venir. On notera en particulier que, si tous les responsables de la Fed s’accordent à dire que la prochaine hausse pourrait être de 50 ou 75 points de base, certains d’entre eux ont indiqué leur souhait de ralentir finalement le rythme des hausses. Un autre point qui commence à faire consensus est que le cycle de hausses des taux connaîtra probablement une longue pause durant laquelle le taux des fonds fédéraux sera maintenu en territoire restrictif. Il est important de noter que les responsables de la Fed semblent privilégier une stratégie de maintien des taux en territoire restrictif, permettant ainsi un recul progressif de l’inflation, plutôt que l’alternative consistant à augmenter les taux de manière continue jusqu’à ce que l’inflation retombe à 2 %. Voici donc les deux prochaines étapes pour les décideurs politiques : tout d’abord un ralentissement des hausses de taux, puis une longue pause une fois que les taux seront en territoire restrictif.
Certes, les autres responsables de la Fed affirment avec tout autant de détermination leur résolution à combattre l’inflation. On notera néanmoins que les prochaines étapes pressenties tendent vers un assouplissement (ou, du moins, vers une modération du durcissement passé). Cela marque une différence considérable par rapport aux propos tenus il y a encore quelques mois par ces mêmes responsables. Alors que les responsables de la Fed ont passé ces derniers mois à durcir leur politique et à décider de hausses des taux supérieures aux prévisions, les prochains mois pourraient être marqués par un ralentissement des hausses puis, finalement, par une pause dans le cycle de hausse des taux. Et comme ces mêmes responsables l’ont souligné, le calendrier exact de ces prochaines étapes pourrait être déterminé par les indicateurs économiques. Il n’y a évidemment rien de nouveau à cela puisque la politique monétaire dépend presque toujours des données économiques. L’attention accordée aux chiffres revêt une importance plus grande encore lorsque les remarques du président de la Fed n’apportent rien de nouveau, comme c’est le cas aujourd’hui.
Définitions
QE3 désigne le troisième cycle d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) de la Fed, lancé le 13 septembre 2021, qui prévoyait l’achat par la Fed de 40 milliards de dollars par mois de titres adossés à des dettes hypothécaires aux banques membres de la Réserve fédérale. Le QE3 poursuivait également l’Opération Twist, le nom donné à une opération de politique monétaire de la Réserve fédérale dans laquelle la Fed achète et vend des obligations à court terme et à long terme en fonction de son objectif.
Un point de base (pb) est un centième de point de pourcentage (1/100 % ou 0,01 %).
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