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Les actions canadiennes s’adaptent à la dynamique de la pandémie

Garey J. Aitken
Chef des placements
Gestion de placements Franklin Bissett

Tim Caulfield
Directeur de la recherche sur les actions
Gestion de placements Franklin Bissett

Pour les actions canadiennes, l’année écoulée a surtout été caractérisée par une trajectoire ascendante régulière, avec de nombreux cas de records pour l’indice composite S&P/TSX. La pandémie de COVID-19 fait toujours partie de nos vies et reste une préoccupation majeure compte tenu du nouveau variant Omicron, mais elle n’a pas entravé le rendement global des actions dans une large mesure en 2021. La plupart des investisseurs se demandent si cette tendance peut se poursuivre tout au long de l’année 2022, compte tenu des préoccupations liées à l’inflation et de la perspective d’une hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque du Canada (BdC) à un moment donné l’année prochaine.

Pour l’instant, les actions canadiennes continuent d’afficher un rendement élevé, supérieur à celui de leurs homologues américaines; le rendement de l’indice composé S&P/TSX depuis le début de l’année est de 23,4 % au 31 octobre 2021, contre 20,7 % (en dollars canadiens) pour l’indice S&P 500. Il s’agit d’une sacrée divergence, étant donné que le principal indice boursier canadien a sous-performé le S&P 500 au cours de neuf des dix dernières années civiles.

Avec la progression de l’indice S&P/TSX, le rendement a été largement soutenu par les secteurs des technologies de l’information, de la consommation discrétionnaire et de l’énergie.

Une gueule de bois après toutes ces relances?

L’inflation est devenue le problème numéro un dans les cercles d’investissement, car le mélange demande de consommation refoulée, pénuries de main-d’œuvre, revendications salariales plus élevées et contraintes de la chaîne d’approvisionnement internationale a fait grimper les prix.

En octobre, l’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada a augmenté de 4,7 % d’une année à l’autre, ce qui fait que, pour le septième mois consécutif, l’inflation a dépassé la fourchette cible de 1 à 3 % de la Banque du Canada. Cette tendance reflète celle des États-Unis, où l’IPC a augmenté de 6,2 % sur un an en octobre, soit la plus forte hausse annuelle depuis 1990. Ces chiffres ne sont pas passés inaperçus auprès des décideurs politiques, et tant la Fed que la Banque du Canada sont en train de mettre fin à leurs programmes d’assouplissement quantitatif qui ont été en place tout au long de la crise de la COVID- 19.

Les risques d’inflation ont été plutôt ténus au cours de la dernière décennie, c’est pourquoi le retour de l’inflation est une source de préoccupation pour de nombreux investisseurs. L’inflation est nécessaire à la santé et à la continuité du cycle économique, mais des niveaux excessifs peuvent avoir des effets composés dévastateurs, agissant comme une « taxe silencieuse » sur les taux de rendement réels.

Le Canada, riche en ressources naturelles, est depuis longtemps reconnu comme étant un refuge pour les investisseurs en période d’inflation, car ils peuvent investir dans diverses entreprises de produits de base en guise de protection.

L’heure de gloire des matières premières

Bien que son influence ne soit plus ce qu’elle était, le secteur de l’énergie reste un élément essentiel de l’économie canadienne et du marché des actions; il existe également une forte corrélation entre le prix du pétrole et la force du dollar canadien.

Mesuré par rapport au billet vert, le huard est la monnaie la plus performante parmi les pays du G-10 cette année, ce qui n’est peut-être pas surprenant quand on sait que le prix du baril de pétrole brut a franchi la barre des 85 $ US à la fin d’octobre.

Il s’agit du niveau le plus élevé pour le pétrole en sept ans, et d’un revirement spectaculaire par rapport aux profondeurs du printemps 2020, lorsque les contrats à terme pour le Western Canada Select (WCS) sont passés en territoire négatif pendant une courte période (le WCS oscille autour de 60 $ US le baril, au 31 octobre 2021).

Alors que la demande de pétrole continue de croître à mesure que l’économie mondiale se remet de la pandémie, l’augmentation de l’offre en provenance des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la Russie pourrait signifier une certaine stabilisation des prix en 2022. C’est une possibilité, mais compte tenu de la tendance à plus long terme à la réduction de la consommation de carbone, qui se manifeste déjà dans différentes régions, les contraintes d’approvisionnement qui ont marqué l’année 2021 pourraient se poursuivre l’année prochaine et au-delà, favorisant la hausse des prix du pétrole et du gaz.

L’attrait des actions canadiennes

Malgré la faiblesse des chiffres de la croissance au troisième trimestre 2021, le Fonds monétaire international (FMI) a récemment revu à la hausse ses prévisions de croissance pour le Canada en 2022 (de 4,5 % à 4,9 %). Le taux de chômage du pays a également évolué dans la bonne direction, baissant pour le quatrième mois consécutif en septembre pour s’établir à 6,9 %. Si le succès récent du Canada dans la gestion de la pandémie se poursuit en 2022, l’économie et les actions pourraient en profiter.

Le prix des actions canadiennes s’est également avéré attrayant pour les investisseurs internationaux, l’évaluation du composite S&P/TSX se situant à un niveau plus intéressant que celle du S&P 500.

Le prix des actions canadiennes s’est également avéré attrayant pour les investisseurs internationaux, l’évaluation du composite S&P/TSX se situant à un niveau plus intéressant que celle du S&P 500. L’écart du ratio cours/bénéfices (C/B) entre les deux indices est à son plus haut niveau depuis 20 ans, au 31 octobre 2021.

Le fait que le marché des actions canadiennes devienne moins dépendant des matières premières est une autre tendance positive à long terme. Il y a dix ans, les secteurs de l’énergie et des matériaux représentaient 49 % de la capitalisation boursière de l’indice, contre près de 24 % aujourd’hui. Au cours de cette même période, le secteur des technologies de l’information a été multiplié par huit, tandis que les secteurs de l’industrie et des services publics ont plus que doublé. Cette composition plus équilibrée a permis à l’indice canadien d’afficher une volatilité inférieure à celle du S&P 500 au cours de la dernière décennie; l’écart type annualisé sur 10 ans est de 11,4 % pour le S&P/TSX et de 13,3 % pour le S&P 500.

En ce qui concerne l’année 2021, le rendement a été important depuis le début de l’année, bien que cette dynamique ait considérablement ralenti au troisième trimestre. Un rendement de 0,3 % pour le troisième trimestre est bien inférieur à la hausse trimestrielle moyenne de 9,5 % des cinq trimestres précédents. La vigueur des actions de croissance/conceptuelles pendant une grande partie du trimestre s’est estompée en septembre au profit des actions défensives/non cycliques et de valeur/cycliques. Le rebond des rendements obligataires en septembre a eu un impact sur cette évolution, puisque les rendements de référence à 10 ans au Canada et aux États- Unis ont terminé le trimestre à 1,51 % et 1,49 %, respectivement, par rapport à leurs planchers de l’été 2020 de 0,43 % et 0,51 %.

Néanmoins, cette légère augmentation pour le troisième trimestre signifie que le S&P/TSX a connu six trimestres consécutifs de rendements positifs après la correction du premier trimestre 2020.

L’effet TINA se transforme-t-il?

La période de 21 mois depuis mars 2020 représentant le nouveau marché haussier a apporté des rendements importants aux investisseurs. Comme le montre le tableau ci-dessous, le marché boursier canadien est maintenant 17,6 % plus élevé que le sommet historique atteint le 20 février 2020, avant la pandémie. Le marché haussier actuel a généralement été mené par des actions de croissance/concept ou de valeur/cycliques, tandis que les celles qui sont défensives/non cycliques sont restées à la traîne.

Un facteur important dans le rendement des actions de croissance/concept et de valeur/cycliques pendant la pandémie a été le niveau important de relance fiscale et monétaire. Les taux d’intérêt proches de zéro rendant les revenus fixes beaucoup moins intéressants en tant qu’investissement, les capitaux ont afflué vers certaines sections du marché des actions. Ce phénomène a été appelé TINA ou « There is No Alternative » (Il n’y a pas de plan B). L’effet TINA a également exacerbé le mépris général pour les fondamentaux et les valorisations qui était monnaie courante dans les années qui ont précédé la pandémie, en faveur des actions ayant un momentum et un potentiel de croissance. Au troisième trimestre 2021, l’effet TINA a semblé s’estomper et les résultats ont été plus mitigés, les actions défensives/non cycliques et les actions de valeur/cycliques ayant dépassé les actions de croissance/concept.

INDICE COMPOSÉ DE RENDEMENT TOTAL S&P/TSX RÉPARTITION PAR SECTEUR

Sources : Bloomberg, Franklin Templeton Investments; * Au 30 septembre 2021

...la transformation numérique de l’économie mondiale est une tendance à long terme qui devrait s’accélérer dans les mois et les années à venir.

Un retournement de situation au troisième trimestre

Si l’on analyse les secteurs qui ont enregistré les meilleures rendements pendant le marché haussier actuel, on voit clairement quelles entreprises ont su s’adapter aux contraintes de la pandémie. Il n’est pas surprenant que les technologies de l’information soient le secteur le plus performant, car des entreprises comme Shopify ont tiré parti de l’évolution vers le commerce électronique pendant les différents confinements.

Sur une base annuelle, les technologies de l’information ne sont pas aussi performantes, affichant un rendement négatif pour le troisième trimestre (-1,3 %), mais la transformation numérique de l’économie mondiale est une tendance à long terme qui devrait s’accélérer dans les mois et les années à venir. Les secteurs de la consommation discrétionnaire et de l’énergie ont été les autres grands bénéficiaires de la dynamique du nouveau marché haussier, mais tous deux ont vu leur rendement reculer au cours du troisième trimestre de 2021. Ce phénomène a été plus prononcé pour les biens de consommation discrétionnaire, qui ont produit un rendement négatif (-6,5 %) pour le trimestre, contre 2,8 % pour l’énergie.

S’adapter à la nouvelle normalité

La COVID-19, et les pandémies en général, sont certainement difficiles à prévoir. Bien que nous semblions être dans une position beaucoup plus favorable qu’à la fin de 2020, il est toujours conseillé de faire preuve de prudence. Au Canada, le déploiement du vaccin s’est avéré efficace pour limiter les taux d’infection, et au 25 novembre, près de 75 % de la population était entièrement vaccinée. Mais le virus est persistant, comme en témoigne l’augmentation des taux d’infection en Europe. La nécessité d’effectuer des rappels semble probable, tandis qu’une importante campagne de vaccination des enfants est le prochain grand défi logistique pour le Canada.

Il semble que la COVID-19, les vaccins, les masques et la distanciation sociale nous accompagneront encore pendant un certain temps, mais cela ne signifie pas nécessairement de nouveaux confinements. Cette « nouvelle normalité » pourrait également inciter les investisseurs à adopter une vision plus équilibrée, notamment en ce qui concerne les valorisations. Le leadership des valeurs défensives/non cycliques au troisième trimestre de 2021 pourrait être remarquable à cet égard. Le recul du marché au troisième trimestre peut être attribué en grande partie à l’anticipation d’une hausse des taux d’intérêt en 2022. La Norvège et la Corée du Sud ont toutes deux relevé leurs taux d’intérêt au troisième trimestre 2021, et tout porte à croire que la Banque du Canada fera de même au premier semestre de l’année prochaine. Des taux plus élevés peuvent avoir des conséquences à la fois positives et négatives pour les actions, en fonction de l’entreprise et du secteur spécifiques.

La hausse des taux a généralement un impact négatif sur la valeur actuelle des actifs à long terme et des entreprises dont la structure du capital est à effet de levier, ainsi que sur les actions à rendement élevé. Il existe également une relation inverse entre la hausse des taux d’intérêt et les perspectives des actions de croissance/concept, dont la valeur est largement fondée sur les flux de trésorerie à long terme.

En revanche, l’augmentation des taux peut, isolément, avoir un impact positif sur la rentabilité opérationnelle des entreprises dans des secteurs tels que les services financiers. Dans ce cas, une base de dépôt non réactive (banques) ou des engagements à long terme difficiles à couvrir (compagnies d’assurance) peuvent bénéficier de taux plus élevés.

Outre la politique monétaire, il existe un certain nombre d’autres facteurs qui pourraient avoir un impact négatif sur les marchés d’actions en 2022. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, en particulier pour les produits de grande valeur comme les puces semi-conductrices, ainsi que l’instabilité actuelle de l’économie chinoise sont d’autres préoccupations actuelles.

Discipline et cohérence à travers les cycles de marché

Bien que l’effet TINA soit en train de s’estomper, nous garderons un tempérament stable malgré les aléas des différents régimes de marché, en nous concentrant sur le long terme, sans tenir compte des fluctuations de l’humeur des marchés financiers. La discipline et la cohérence développées au cours de multiples cycles de marché, ainsi que le tempérament patient, mais décisif, de l’équipe sont essentiels et présents aujourd’hui.

Notre cadre de placement ascendant robuste sert de base solide à nos décisions. Nous reconnaissons l’inefficacité des marchés, en particulier à court terme, et nous nous concentrons sur l’économie normalisée du cycle complet des entreprises à long terme.

En outre, l’importance de posséder des entreprises qui ont des avantages structurels leur permettant de naviguer à travers les épreuves reste essentielle. Notre style d’investissement est donc bien adapté à la dynamique changeante qui a un impact direct sur l’évaluation du potentiel de risque et de récompense qui est essentielle à la réussite de nos investissements.

Titres à revenu fixe : Les inconnus connus

Tom O’Gorman
Directeur, Titres à revenu fixe
Gestion de placements Franklin Bissett

Darcy Briggs
Premier vice-président, gestionnaire de portefeuille
Gestion de placements Franklin Bissett

L’année dernière a été l’une des plus difficiles de mémoire récente pour les marchés à revenu fixe. La dynamique de l’intersection d’une pandémie mondiale unique et de programmes de relance extraordinaires a créé des conditions macroéconomiques que l’on n’avait pas vues depuis un quart de siècle.

Alors que l’économie mondiale se remet de la paralysie provoquée par la pandémie de COVID-19, l’inflation galopante et les marchés du travail tendus sont le résultat d’une croissance économique stimulée par les mesures de relance, qui passe de la reprise à l’expansion. La constellation actuelle des variables macroéconomiques conduit à la question à un million de dollars et au sujet d’un grand débat : Les conditions actuelles sont-elles transitoires ou permanentes?

Les marchés des titres à revenu fixe se sont adaptés à l’ensemble des conditions économiques actuelles et aux perspectives à court terme qui les accompagnent, qui ont pesé lourdement sur les rendements des titres à revenu fixe en 2021.

L’année 2022 sera-t-elle meilleure pour les titres à revenu fixe, ou de nouvelles difficultés se profilent-elles à l’horizon?

La croissance économique finit par revenir

De nombreux marchés développés sont passés d’une quasi-dépression/récession induite par une pandémie à une croissance positive en 2021, ce qui est devenu plus évident lorsque les effets de base très faibles des arrêts de production de l’année dernière ont disparu au second semestre. Les restrictions liées à la pandémie continuant à être levées, les dépenses en biens et services ont rebondi.

Le déploiement rapide des vaccins aux États- Unis a contribué à la croissance économique de la plupart des économies développées au cours de l’année 2008 les premières étapes de la réouverture. En comparaison, le déploiement du Canada a été initialement plus lent, mais a rattrapé son retard au fil de l’année; en fait, au troisième trimestre de cette année, le produit intérieur brut (PIB) du Canada a atteint un taux annualisé respectable de 5,4 %, ce qui représente une amélioration considérable par rapport à la contraction du trimestre précédent et est conforme aux prévisions de la Banque du Canada (BdC), qui tablait sur 5,5 %. Pour 2021, les prévisions des banques centrales tablent sur un PIB d’environ 5,0 % dans les deux pays. La croissance devrait se poursuivre en 2022, mais à un rythme un peu plus lent.

Fini l’argent facile pour vous

Les moteurs économiques étant alimentés, les banques centrales et les gouvernements (du moins au Canada et aux États-Unis) ont fait part de leur intention de mettre fin à certains des programmes de relance extraordinaires qui ont apporté un soutien financier indispensable au cours des pires mois de la pandémie. Le retrait progressif des achats d’actifs est la première étape d’un processus plus vaste de transition d’une politique accommodante à une politique neutre.

Le soutien fiscal des gouvernements s’estompe également. De nombreux programmes américains de soutien en cas de pandémie, tels que les allocations de chômage majorées en cas de pandémie et d’autres dispositions des lois CARES et ARP, ont pris fin.

Au Canada, certains programmes de soutien aux entreprises et aux consommateurs (CRB, CEWS, CERS) ont pris fin en octobre au Canada, certains programmes de soutien aux entreprises et aux consommateurs (CRB, CEWS, CERS) ont pris fin en octobre, tandis que d’autres sont transformés en programmes plus ciblés avec des seuils d’entrée plus élevés.

Le mot financier de l’année 2021 : inflation

L’une des conséquences de la pandémie a été un épisode d’inflation cyclique importante. Les paniers de consommation des ménages ont changé au cours de la pandémie, les dépenses étant orientées vers les biens, les débouchés pour la consommation de services étant limités. Les consommateurs disposant de liquidités abondantes étant confinés chez eux avec un ordinateur portable et la livraison à domicile en ligne, les conditions étaient réunies pour une demande globale excessive de biens.

En parallèle, les systèmes de gestion des stocks finement réglés des fabricants, des expéditeurs et des ports se sont concentrés sur l’efficacité (« juste à temps ») au cours des 20 dernières années, avec peu de stocks excédentaires (« juste au cas où »), ce qui laisse peu de flexibilité pour faire face à la demande supplémentaire. La successions des éclosions de COVID-19 ont également contribué à restreindre les intrants tels que la main-d’œuvre et les microprocesseurs dans le processus de fabrication. Le résultat net de ces deux conditions est que la demande est supérieure à l’offre, ce qui entraîne une hausse des prix.

Étant donné que le marché escompte à l’heure actuelle des hausses importantes des taux d’intérêt, nous pensons que 2022 sera une meilleure année pour les marchés à revenu fixe.

Compte tenu de la dynamique de la pandémie, la réouverture économique et la transition vers la consommation de services se sont partiellement produites. La demande de biens restant robuste, les banques centrales ont reconnu que l’inflation est plus persistante que prévu initialement. Les prévisions d’inflation pour le premier semestre de 2022 sont bien supérieures à leur objectif de 2 %.

L’augmentation des taux sera utile à la marge

Pour maîtriser l’inflation, les banques centrales augmentent le coût des emprunts, ce qui conduit généralement les autres institutions financières à augmenter également leurs taux; en substance, à resserrer le crédit. Les banques centrales du Canada et des États- Unis ont indiqué leur intention de commencer à augmenter les taux en 2022.

Les marchés financiers sont tournés vers l’avenir. Les marchés des titres à revenu fixe ont déjà escompté un resserrement agressif de la politique monétaire avec la fin de l’assouplissement quantitatif (AQ) : deux augmentations ou plus des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) et cinq augmentations des taux d’intérêt de la Banque du Canada (BdC). Paradoxalement, la BdC estime que le taux d’inflation diminuera au cours de l’année prochaine. Dans ce cas, la banque augmenterait-elle encore les taux? Nous le pensons, mais le taux de l’augmentation est sujet à débat. Étant donné que le marché escompte à l’heure actuelle des hausses importantes des taux d’intérêt, nous pensons que 2022 sera une meilleure année pour les marchés à revenu fixe.

Les marchés canadiens ont commencé à escompter de manière agressive un cycle de resserrement brutal de la part de la BdC en octobre, lorsque la banque centrale a signalé une croissance plus forte que prévu et une inflation plus persistante, combinées à des gains d’emploi plus importants que prévu. L’amont de la courbe de rendement, qui avait été remarquablement stable tout au long de la pandémie, a augmenté de manière significative alors que les échéances à moyen et long terme sont restées relativement stables. Le résultat a été un aplatissement significatif de la courbe de rendement canadienne.

Depuis lors, cependant, les inondations en Colombie-Britannique et l’émergence du variant Omicron ont accru les risques de baisse de la croissance à court terme tout en maintenant les risques d’inflation à un niveau plus élevé. Malgré ces risques, nous pensons que le paysage économique actuel ne justifie pas des mesures de relance monétaire ou budgétaire d’urgence.

La fin de la pandémie permettrait d’orienter la consommation vers les services plutôt que vers les biens, tout en augmentant le coût de l’argent. Cela tempérerait la demande de biens, notamment de biens d’équipement, qui sont généralement financés. Ces deux événements permettraient de donner à l’offre le temps nécessaire pour rattraper son retard.

En outre, si l’économie canadienne s’est presque redressée, elle est encore extrêmement déséquilibrée. La dépendance excessive à l’égard du logement et de la consommation est donc devenue plus sensible aux taux d’intérêt en raison des niveaux élevés d’endettement des ménages.

Compte tenu de ces dynamiques et du resserrement supplémentaire des conditions financières résultant d’une hausse du dollar canadien si la BdC agit plus agressivement que la Fed, les marchés ont probablement surévalué la réponse de la BdC en matière de taux d’intérêt.

Une lueur d’espoir pour les obligations de sociétés

Si la hausse des taux d’intérêt donne des sueurs froides à certains emprunteurs, les écarts de taux sont, pour la plupart, restés particulièrement bien disciplinés. Si l’inflation reste élevée tout au long de l’année 2022, les fondamentaux des entreprises devraient rester solides, ce qui entraînera des écarts de crédit stables ou légèrement plus élevés. L’écart des taux sur la dette des sociétés réduit la sensibilité aux taux d’intérêt.

Nous nous attendons à ce que les sociétés surperforment, car elles disposeront de plus de report d’intérêts pour compenser l’impact de la hausse des taux. Les prêts à effet de levier sont les moins exposés à la hausse des taux, compte tenu de leur structure à taux variable, tandis que certaines obligations à haut rendement devraient également s’en sortir dans un contexte de hausse des taux. Nous voyons les obligations énergétiques surperformer, compte tenu de la dynamique de l’offre et de la demande et de la fermeté générale des prix des matières premières, qui couvrent les risques d’inflation.

Nous restons surpondérés en crédit aux entreprises, tout en reconnaissant qu’en termes de valeur relative, les écarts de taux des obligations de sociétés canadiennes sont au mieux de la juste valeur, et que certains secteurs et émissions sont carrément chers.

D’autre part, nous suivons également l’écart des obligations de sociétés en pourcentage du rendement (voir le graphique de la page suivante). Compte tenu de la protection que les écarts de taux des obligations de sociétés peuvent offrir contre tout nouvel élargissement des courbes de rendement des gouvernements, cette mesure suggère qu’il existe encore de la valeur dans le secteur des entreprises.

Si l’inflation reste élevée tout au long de l’année 2022, les fondamentaux des entreprises devraient rester solides, ce qui entraînera des écarts de taux stables ou légèrement plus élevés.

À 46 % fin novembre, l’écart en pourcentage du rendement est supérieur de 8 % à la moyenne de 43 % enregistrée après la crise financière mondiale. C’est encourageant.

Sélection de titres à l’avant-scène

Nous pensons que les gains faciles grâce à l’ajout de secteurs à risque sont chose du passé. Désormais, la sélection de titres est un incontournable et les équipes de placement doivent adopter une approche stratégique.

Le resserrement des écarts de taux a fait pâlir l’étoile des obligations de sociétés. Bien que nous ayons légèrement diminué la pondération des titres de créance des portefeuilles tout en continuant à augmenter la qualité du crédit et à rechercher des occasions spécifiques. Nous avons également ajouté des prêts à effet de levier, car ces titres ont une sensibilité limitée aux taux d’intérêt.

Notre stratégie pour le Fonds d’obligations essentielles plus Franklin Bissett consiste à investir une partie de son allocation dans des secteurs à faible corrélation avec les obligations canadiennes de qualité, comme les obligations américaines de catégorie investissement (CI) et à haut rendement (HR) et les prêts bancaires, afin de générer de meilleurs rendements ajustés au risque.

Nous restons surpondérés en matière de crédit; mais compte tenu des valorisations globales actuelles du marché, nous pensons qu’il est prudent d’avoir des couvertures en place si des événements surviennent qui entraînent une hausse de la volatilité et un changement des valorisations.

Source : Bloomberg, Franklin Templeton. Pour la période du 1er octobre 2002 au 1er décembre 2021



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