CONTRIBUTEURS

Michael Greenberg, CFA, CAIA
Vice President, Portfolio Manager
L'une des requêtes que nous recevons le plus couramment de la part de nos conseillers et clients est de faire part de nos perspectives sur le dollar canadien, plus particulièrement par rapport au billet vert américain. Voici comment nous voyons le sujet actuellement.
LE DOLLAR CANADIEN – UNE MONTÉE EN PUISSANCE
Nous avons assisté à une forte reprise du huard par rapport au billet vert dans les derniers mois, à mesure que les marchés et les économies se sont redressés à la suite des creux atteints en mars. À quoi nous attendons-nous pour la suite?

L'ÉCONOMIE EN GÉNÉRAL – PLUSIEURS CRAINTES ET QUELQUES LUEURS D'ESPOIR
L'économie canadienne fait face à certains obstacles qui, toutes choses étant égales par ailleurs, pourraient avoir des répercussions néfastes sur le dollar canadien :
- Le secteur canadien du pétrole fait face à des défis sur plusieurs fronts : réduction des prix, problèmes de transport, manque d'investissements et craintes liées aux facteurs ESG. Même si les prix du pétrole venaient à augmenter à l'échelle mondiale, le dollar canadien pourrait ne pas en profiter autant que d'autres devises plus dépendantes du secteur.
- Les exportations non liées aux ressources font également face à des obstacles, car les secteurs de l'automobile et de l'aérospatiale ont souffert d'un manque d'investissements, de fermetures d'usines, de difficultés générales et d'un manque d'attrait concurrentiel.
- La consommation commence à se rétablir à la suite de sa phase initiale de récupération, mais elle se trouve toujours bien en deçà de ses niveaux antérieurs, et continue d'être touchée par le fort niveau d'endettement.
Toutefois, il ne faut pas perdre espoir. L'économie commence à se rétablir par rapport aux creux atteints lors du confinement :
- Les solides politiques monétaires et budgétaires lui ont procuré un élan provisoire. Ces politiques ont été favorables à la reprise de l'économie canadienne, et continuent de l'être.
- L'économie du plus important partenaire commercial du Canada, les États-Unis, continue également de se rétablir.
- Une meilleure trajectoire de croissance (en 2021) devrait éventuellement soutenir le prix des marchandises, voire le dollar canadien.
Cela laisse entendre que l'activité continuera de se redresser, mais à un rythme lent et volatil, et à un niveau inférieur à ceux précédemment atteints. Le soutien des mesures politiques sera nécessaire pendant encore un certain temps, et celles-ci pourraient même s'intensifier avant que l'économie puisse retrouver des bases solides.
LES POLITIQUES MONÉTAIRES ET BUDGÉTAIRES – UNE ARME DE GUERRE
Partout dans le monde, les banques centrales et les gouvernements ont mis en œuvre des mesures de soutien massives afin de permettre aux économies de sortir du trou creusé par la pandémie :
- Bien qu'elle soit peu susceptible de se tourner vers des taux d'intérêt négatifs, la Banque du Canada (BdC) pourrait tout de même intensifier ses mesures de relance par l'entremise d'une stratégie formelle de contrôle de la courbe de rendement, d'un assouplissement quantitatif accru, ou encore d'un passage à un régime d'inflation moyenne.
- Une vigueur excessive du dollar canadien pourrait avoir pour effet de resserrer les conditions financières et de ralentir la reprise, ce que la BdC devrait tenter d'éviter, ne serait-ce qu'indirectement.
- Cependant, considérant que la politique monétaire a atteint certaines limites, c'est la politique budgétaire qui a repris le flambeau, et le gouvernement libéral laisse entrevoir des plans ambitieux.
- Maintenant que le déficit représente près de 20 % du PIB, le Canada se montre plus proactif, et on s'attend à ce qu'il opte en priorité pour des mesures budgétaires afin de soutenir la demande globale.
L'effet combiné des politiques budgétaires et monétaires agressives, toutes choses étant égales par ailleurs, représente un obstacle pour le dollar canadien.
CONSIDÉRATIONS RELATIVES À L'ÉLABORATION DE PORTEFEUILLE – UN COUP DE POUCE AUX OBLIGATIONS
En passant outre les perspectives cycliques négatives à l'égard du dollar canadien, le fait de détenir certaines devises étrangères au sein d'un portefeuille multiactifs comporte d'importants avantages sur le plan de la diversification :
- Certes, les obligations gouvernementales peuvent avoir perdu certains de leurs avantages sur le plan de la diversification en raison de la faiblesse des taux.
- En règle générale, le dollar américain, le yen et le franc suisse présentent tous les trois des caractéristiques d'aversion pour le risque par rapport au dollar canadien en période de tensions sur les marchés, ce qui est favorable sur le plan de la diversification.

Considérant les craintes concernant le degré d'efficacité à long terme des obligations gouvernementales sur le plan de la couverture de change en période d'aversion pour le risque, certains placements dans des devises étrangères financés à partir des dollars canadiens pourraient s'avérer bénéfiques au sein d'un portefeuille.
CONCLUSION – RÉDUIRE PENDANT LA REMONTÉE
Le portefeuille affiche une sous-pondération du dollar canadien. En plus des perspectives générales du huard, les considérations relatives à l'élaboration du portefeuille nous incitent à étoffer les placements dans certaines devises étrangères, telles que le dollar américain et le yen, afin de compléter les placements en obligations gouvernementales. Considérant la vigueur du dollar canadien depuis mars, nous avons récemment réduit la pondération de la devise encore davantage.
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