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Panne d’énergie

D’accord, je l’admets. Pendant un moment, je me suis demandé si la station-service locale n’allait pas me redonner de l’argent si je m’arrêtais chez eux pour faire le plein de notre VUS. Malheureusement, mon camion ne roule pas au pétrole lourd, même si le prix est récemment passé sous la barre du zéro dollar par baril. Mais comment cela est-il possible? Avons-nous collectivement perdu nos marques? Si le pétrole en vient à se négocier à un cours négatif, quelles en seront les conséquences pour l’économie mondiale et pour le Canada en tant que grand producteur de pétrole?

Pourquoi les prix pétroliers sont-ils passés en territoire négatif

Premièrement, vous ne devriez probablement pas trop attacher de sens au prix négatif, car il s’agit plus d’une technicité qu’autre chose. Le pétrole se négocie sur le marché au comptant (livraison immédiate) ou sur le marché à terme (livraison future). La courbe du marché à terme prend habituellement la forme d’une pente ascendante reflétant le coût du « portage », celui-ci représentant surtout le coût du stockage en vue des futures livraisons. Puisque la plupart des négociateurs à terme ne souhaitent pas prendre matériellement la livraison du pétrole, ils liquident leurs contrats à l’échéance la plus courte à la fin du mois et les remplacent par ceux du mois suivant (opération appelée « roulement »), habituellement à des fins de couverture. Dans la deuxième partie d’avril, les ventes de fin de mois ont exercé une pression à la baisse sur les prix déjà bas. En outre, et en raison de la consommation très faible attribuable à la COVID-19, les réserves mondiales ont gonflé rapidement, ce qui a amené une augmentation du coût de stockage. Cette hausse du coût de stockage est essentiellement ce qui a poussé les prix sous la barre de zéro. Contrairement à d’autres produits de base, on ne peut pas remettre le pétrole dans le gisement ni le verser dans le drain ou le brûler. Il doit être stocké avant d’être raffiné et finalement consommé.

Le fait que le transport consomme 60 % du pétrole brut mondial est une raison majeure expliquant que le pétrole brut soit devenu « sans valeur ». Lorsque les avions sont cloués au sol, que les navires de croisière sont à quai et que les routes sont vides parce que les employés travaillent de la maison, il est facile de comprendre comment la demande d’énergie s’est évaporée plus vite qu’une flaque d’eau dans la chaleur de l’Arizona. Le tiers de la consommation de pétrole s’est évaporé en à peine un mois. Comme si ce n’était pas assez, la querelle entre l’Arabie saoudite et la Russie a accéléré la production dans un marché déjà suralimenté. Les prix? Ils se sont effondrés. Même si l’OPEP+ a récemment convenu de réduire la production, le marché demeure en surplus depuis l’effondrement de la demande lié à la pandémie. Nous prévoyons un rétablissement éventuel de la demande, mais pas à la hauteur observée il y a quelques mois, du moins pas d’ici un certain temps. Pourquoi? Certaines personnes trouvent que le télétravail est plus, et non pas moins, productif, puisqu’elles n’ont pas à se déplacer. De plus, nous ne sommes pas convaincus que les gens sont prêts à s’entasser de nouveau dans un avion pendant de longs vols ou de partir en croisière dans un avenir rapproché. Jetez un coup œil sur les prévisions du marché en général concernant l’évolution des prix du WTI au cours des prochaines années. Il faudra peut-être attendre un certain temps avant de revoir les prix d’avant la pandémie.

L’incidence sur les producteurs

Tout mouvement de prix fait des gagnants et des perdants. Les grands pays producteurs comme l’Arabie saoudite, la Russie et le Canada sont ceux qui souffrent le plus de la chute des prix. À l’inverse, les économies de l’Europe, de la Chine, du Japon et des États-Unis, grandes consommatrices, en bénéficient. Pour les producteurs, le côté positif est peut-être que le remède aux bas prix soit précisément ces mêmes bas prix. Nous voyons déjà que le nombre d’installations de forage commence à diminuer tandis que les producteurs de l’OPEP+ semblent honorer leur accord.

Gestion active des portefeuilles

Donc, si la faiblesse des prix de l’énergie est avec nous pour quelque temps, comment nos portefeuilles devraient-ils être positionnés? Il est difficile d’imaginer qu’il y a 10 ans à peine Exxon était la plus grande société (par capitalisation boursière) de l’indice S&P 500. Aujourd’hui, la valeur combinée de l’ensemble des sociétés du secteur de l’énergie de cet indice est inférieure à celle d’Alphabet, la société mère de Google (source : indices S&P Dow Jones). Au Canada, l’énergie demeure notre plus grande source d’exportation économique et figure au troisième rang des secteurs du S&P/TSX. Manifestement, elle est très importante pour nous. L’ensemble du secteur énergétique a subi des pressions à la baisse sur le cours des actions, ce qui laisse penser que toutes les sociétés sont pénalisées. Logiquement, les sociétés énergétiques bien financées et de grande qualité devraient être mieux placées pour surmonter ce ralentissement que celles qui n’ont pas autant de souplesse financière et opérationnelle. Dans le passé, en fait, les exploitants astucieux se sont servis des dislocations de prix comme d’un catalyseur d’occasions d’acquisition et de fusion.

Selon nos collègues de Franklin Bissett, Suncor est l’une des sociétés énergétiques les plus intégrées du Canada. La plus grande partie de sa production de pétrole brut est enrichie et raffinée dans ses propres installations pour être finalement vendue dans ses propres stations-service. Ce niveau d’intégration a offert ֹpar le passé une importante protection contre les chocs des prix des produits de base. Selon Franklin Bissett, les sociétés de services pétroliers ainsi que les sociétés d’exploration et de production pétrolières de taille moyenne sont les plus susceptibles de faire face à des difficultés dans un contexte de faibles prix. Sa préférence va aux entreprises d’infrastructures énergétiques (pipelines, transformateurs intermédiaires) qui sont beaucoup moins exposées au cours du pétrole brut ou du gaz naturel. Nous ignorons combien de temps durera la baisse de la demande énergétique, mais nous sommes convaincus d’une chose : la gestion active demeurera un élément essentiel du succès de la gestion de l’exposition dans ce secteur volatil, mais néanmoins important.

La gestion active de la répartition de l’actif joue également un rôle important. Les pressions exercées sur le secteur énergétique et les répercussions subies par d’autres secteurs comme celui des transports ou même des banques expliquent pourquoi nous préférons sous-pondérer le Canada par rapport à d’autres régions. À mesure que s’améliorera la transparence qui entoure la reprise économique mondiale, nous réviserons notre position.

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