CONTRIBUTEURS

Michael Greenberg, CFA, CAIA
Senior Vice President, Portfolio Manager
Contrairement à ce que mentionne un des vers de la chanson War, « (À quoi ça sert) absolument rien », nous croyons que les obligations sont « bonnes à quelque chose » (nous présentons nos excuses à Edwin Starr).
La question que les conseillers nous posent de plus en plus souvent, en raison des faibles rendements et des infimes perspectives de rentabilité des titres à revenu fixe, concerne l’objectif ou le rôle que les obligations continuent de jouer (s’il en est un) au sein de portefeuilles multiactifs. Les obligations visent traditionnellement deux objectifs dans un portefeuille :
- Elles permettent une protection du capital et un amortissement du risque propre aux titres participatifs, généralement grâce à des expositions aux obligations d’État; et
- Elles s’avèrent une source de revenu et/ou d’amélioration du rendement, habituellement par l’entremise de titres de créance, d’instruments titrisés et d’autres produits d’écart.
Dans cet article, nous nous concentrerons sur le premier rôle et nous demanderons si les obligations peuvent toujours remplir cette fonction.
Lorsque les rendements bondissent
Des rendements à la hausse signifient des rendements faibles, voire négatifs, pour plusieurs marchés d’obligations d’État. Malgré tout, nous croyons que les investisseurs ne verront pas de sitôt des rendements considérablement plus élevés en raison des mesures mises en place par les banques centrales durant la pandémie de coronarivus et qui pourraient perdurer. Celles-ci incluent une baisse prolongée des taux d’intérêt, des programmes continus d’assouplissement quantitatif et la possibilité de régimes de ciblage de l’inflation plus souples. L’environnement du rendement obligataire sera donc, mais non désastreux.
Pourquoi les rendements bondissent
Des rendements d’obligations d’État qui bondissent pour les bonnes raisons — meilleure croissance, normalisation de l’inflation, meilleures perspectives économiques — peuvent signifier un vent défavorable pour certaines parties du marché obligataire tout en demeurant un excellent environnement pour votre portefeuille. D’autres éléments de celui-ci pourront compenser les perturbations au sein du rendement des obligations d’État de marchés développés. Par exemple, une combinaison 60/40 ou même 80/20 d’actions et d’obligations peut toujours offrir de très bons rendements, comme nous l’avons observé au cours des récentes hausses de rendement :
Rendement du portefeuille équilibré de croissance Franklin Quotentiel (60/40) et du portefeuille de revenu diversifié Franklin Quotentiel (80/20) comparativement aux obligations d’État du Canada depuis les creux records
31 juillet 2020 au 12 février 2021

Source : Bloomberg, FTIS
À titre de référence, voici les transferts que nous avons vus depuis les niveaux planchers du mois d’août au sein des rendements à 10 ans :

Coussin supplémentaire
Des rendements à la hausse des obligations d’État ont un bon côté, car ils majorent naturellement une partie de la protection inhérente aux obligations souveraines. Pour être clairs, nous ne prévoyons pas un bond important des rendements; mais à des fins illustratives, des niveaux de rendement qui atteindraient ceux indiqués dans le tableau ci-après indiqueraient non seulement un vent défavorable, mais contribueraient également à la hausse de « munitions » disponibles pour la prochaine période d’aversion pour le risque et pour la chute présumée des rendements.
Scénarios de rendement :

Source : Franklin Templeton
Quel est le rôle des obligations d’État?
Nous sommes d’avis que les obligations d’État continuent de jouer un rôle, tant à titre de protection du capital que d’amortisseur du risque propre aux titres participatifs. Toutefois, nous devons reconnaître que le « coût » de conserver des obligations d’État a grimpé en raison des rendements attendus plus faibles et d’une diversification des avantages moins efficace (mais pas nulle) pour la suite. Ainsi, il est important de diversifier les portefeuilles et de compléter l’exposition aux obligations d’État avec d’autres outils.
Discernement et dynamisme
Nous croyons que les investisseurs doivent faire preuve de dynamisme et de discernement en ce qui concerne leur exposition aux obligations d’État en raison de rendements affichant des taux historiquement bas. Le portefeuille est actuellement sous-pondéré en obligations d’État et affiche une duration plus courte étant donné que nous envisageons des rendements un peu plus élevés à l’avenir; toutefois, notre répartition n’égale pas zéro! Nous nous concentrons sur les marchés d’obligations d’État qui présentent un potentiel plus important d’appréciation du capital dans des périodes d’aversion pour le risque. Par exemple, dans le tableau ci-dessous, des marchés comme l’Australie, le Canada et les États-Unis affichent des rendements de départ plus élevés comparativement à ceux du Japon et de l’Europe, ce qui pourrait possiblement mener à une appréciation plus importante du capital.
Courbes de rendement des obligations d’État au mois de décembre 2020

Remarque : La courbe de rendement utilisée pour l’Europe est celle de l’Allemagne.
Source : Franklin Templeton, Macrobond, Bloomberg
Deuxièmement, d’autres outils pouvant contribuer à contrebalancer le risque propre aux titres participatifs et à offrir une diversification devraient être envisagés afin de complémenter, sans toutefois remplacer, les obligations d’État. D’autres secteurs de titres à revenu fixe à stratégie défensive, certains duos de devises, les métaux précieux et, pour ceux qui y ont accès, des placements non traditionnels sont des exemples d’outils pouvant servir à compléter le rôle habituel que jouent les obligations d’État au sein d’un portefeuille.
Enfin, en raison de rendements comprimés, être dynamique dans le positionnement obligataire au sein de secteurs fait en sorte que la qualité, la courbe de rendement, la duration, les changes, la géographie et les émetteurs uniques sont tous des aspects importants pour soutenir l’optimisation de possibles rendements avec les caractéristiques de couverture que les titres à revenu fixe sont censés fournir.
Les obligations en général, et celles d’État en particulier, demeurent une principale composante de base d’un portefeuille multiactifs bien diversifié. Il est toutefois important que la gestion de vos expositions obligataires ne soit pas empreinte de complaisance.
Mentions juridiques importantes
Tous les placements comportent des risques, dont une perte possible de capital. Les placements dans des titres étrangers comportent des risques particuliers, comme la volatilité des taux de change, l’instabilité économique ou les événements politiques. Les risques sont plus importants dans le cas des placements sur les marchés émergents, dont font partie les marchés frontaliers : ils sont liés non seulement aux mêmes facteurs, mais également aux faits d’une taille plus petite, d’une moindre liquidité et de l’absence de cadres juridique, politique, commercial et social à l’appui des marchés des valeurs mobilières. Dans le cas des marchés frontaliers, comme ces cadres sont généralement moins développés qu’ailleurs et que divers facteurs interviennent, comme un danger plus important de volatilité extrême des cours, d’illiquidité, d’entrave aux échanges et de contrôle des changes, les risques sont plus grands. Le cours des actions fluctue, parfois rapidement et spectaculairement, sous l’influence de facteurs touchant des sociétés et des industries ou secteurs en particulier, ou encore en raison de la conjoncture générale du marché.
