CONTRIBUTEURS

Edward D. Perks, CFA
Chief Investment Officer
Franklin Income Investors
Les risques à long terme d'une inflation persistante, de changements de politique monétaire et d'un ralentissement de la croissance économique continuent de poser problème aux marchés. Dans cette conjoncture incertaine, Ed Perks, de Franklin Income Investors, nous fait part de ses dernières perspectives et des occasions de placement qu'il entrevoit dans les titres à revenu fixe et les actions.
Points essentiels à retenir :
- Bien que les hausses de taux d'intérêt de la Réserve fédérale (Fed) commencent à produire leurs effets, l'inflation persiste, et nous pensons qu’il faudra plus de temps à la Fed pour observer l'évolution de la situation économique avant d’amorcer une quelconque réduction des taux.
- La hausse des taux d'intérêt a récemment entraîné des faillites bancaires, ainsi qu’un raidissement des conditions d’octroi de prêts, ce qui aide la Fed à réaliser son objectif d'inflation, mais n’est pas un reflet du secteur bancaire dans son ensemble.
- Nous privilégions une répartition 60/40, avec un penchant pour les titres à revenu fixe par rapport aux actions. Ce penchant pour les titres à revenu fixe pourrait s’accentuer au fur et à mesure que nous trouverons des débouchés, en particulier dans le domaine du crédit de premier ordre.
- Dans cette conjoncture incertaine, nous sommes prudents à l'égard des actions, et estimons qu’il est important d’avoir une exposition globale à divers secteurs.
Une possible pause dans la hausse des taux d'intérêt de la Fed
Lors de sa réunion de mai, la Fed a relevé le taux des Fonds fédéraux de 25 points de base (pb), soit une fourchette cible de 5,00 % à 5,25 %. Quand on fait le calcul, la Fed a relevé ses taux de 500 pb en l’espace de 14 mois, ce qui est considérable non seulement en termes de durcissement, mais aussi de rythme. Les répercussions de ce cycle de durcissement monétaire sur les secteurs de l'économie les plus sensibles aux taux d'intérêt, comme l'immobilier, sont manifestes, à l’instar des tensions qu'il a provoquées au sein du système bancaire.
Nous pensons que la hausse du mois de mai pourrait être la dernière de ce cycle de durcissement, tout du moins pendant un certain temps. Il ne fait plus aucun doute que l'économie américaine s'essouffle de plus en plus, et nous pensons que la rigueur monétaire dont la Fed a fait preuve est suffisante pour lui permettre de réaliser son objectif d'inflation de 2 %. En outre, les conditions d’octroi de prêts se durcissent également, et font une partie du travail pour la Fed. Les marchés tablent désormais sur trois ou quatre baisses de taux d’ici la réunion de la Fed en janvier 2024. Nous sommes toutefois un peu plus prudents à ce sujet, et estimons que la Fed aura besoin de plus de temps avant d’envisager une pause, afin d’observer l’évolution de l’économie dans son ensemble avant d’agir.
Les tensions bancaires influent sur les prévisions en matière de taux
Taux implicite – contrats à terme des Fonds fédéraux
Au 8 mars 2023 (avant l’effondrement de Silicon Valley Bank) p. rapp. au 30 avril 2023

Sources : FactSet, S&P Dow Jones Indices, FactSet Market Aggregates. Au 30 avril 2023. Rien ne garantit qu’une estimation, une prévision ou une projection se réalisera.
Bien que le repli initial des pics de l'inflation globale et de l'inflation sous-jacente ait été relativement rapide, ce qui a poussé le marché à espérer que la Fed se rapprochait de son objectif, nous constatons qu'il y a toujours un excès de liquidités substantiel dans l'économie. Les dépenses de consommation ébauchent un repli, mais l'inflation sous-jacente — l'indice des prix à la consommation (IPC) et les dépenses de consommation des particuliers (DCP) — semble décidée à persister et à défier la Fed. Jusqu'à présent, le marché du travail s’est montré résistant, exerçant une pression à la hausse sur les salaires. Nous pensons qu’il y a des progrès, mais il faudra attendre le quatrième trimestre 2023 pour voir des preuves réelles que les prix sous-jacents sont arrivés à un point où la Fed peut commencer à envisager d'abandonner sa politique rigoureuse et d’adopter un ton plus neutre. Le léger fléchissement de l’activité des prêts, en particulier au sein des banques régionales, se répercutera probablement à plus grande échelle sur les petites et moyennes entreprises.
Une situation financière qui se raidit
Enquête auprès des responsables de crédit : Volonté des banques aujourd’hui de consentir des crédits à la consommation par rapport à il y a trois mois
Au 31 mars 2023

Sources : FactSet, S&P Dow Jones Indices, FactSet Market Aggregates. Au 31 mars 2023.
La santé du secteur bancaire américain dans son ensemble
À la suite de la récente acquisition de la First Republic Bank par JPMorgan Chase, soit la quatrième banque américaine à faire faillite au cours des deux derniers mois, les acteurs du marché s'inquiètent à juste titre de la volatilité du secteur bancaire. Il est clair que les hausses de taux d'intérêt ont provoqué des difficultés pour les bilans de certaines banques — la Silicon Valley Bank et la First Republic Bank en sont deux exemples notoires. Chaque fois qu'il y a des chocs de ce type, il est raisonnable de s'attendre à ce que certaines banques, qui ne maîtrisent pas très bien les risques ou qui mènent des politiques de croissance très ambitieuses, écopent des conséquences. Toutefois, nous ne pensons pas que les récentes turbulences qui ont frappé les banques régionales reflètent la santé du système bancaire dans son ensemble.
Un virage conséquent vers les placements obligataires
Au cours du second semestre 2022, nous avons effectué un virage important dans notre stratégie, passant des actions aux titres à revenu fixe. Notre répartition traditionnelle de 60 % en actions et 40 % en titres à revenu fixe s’est transformée en une répartition de 60 % en titres à revenu fixe et 40 % en actions. Au cours des 15 années qui ont suivi la crise financière, les taux d'intérêt ont fortement augmenté, la Fed étant passée en peu de temps de zéro à neutre, puis à une politique assez rigoureuse. Ce qui a provoqué un grand bouleversement sur le marché des titres à revenu fixe au sens large, les taux de rendement atteignant 4 à 5 % au 31 mars 2023, contre des taux de rendement de 2,5 % environ au cours de la décennie précédente.1 Cette évolution rapide des taux a changé la donne et a constitué pour nous une belle occasion, surtout dans le contexte macroéconomique actuel très incertain.
Par la suite, nous pensons que l'attrait des revenus des obligations demeurera important, tout comme la capacité de ces titres à être plus défensifs que d'autres actifs à risque. Plus précisément, nous nous attacherons encore à trouver d‘éventuels débouchés dans les créances de sociétés de premier ordre, pour autant que la catégorie d'actifs continue à offrir des taux de rendement et un potentiel de rendement total, selon nous, intéressants. Les bons du Trésor américain seront probablement encore au cœur de notre stratégie, car ils permettent de gérer le risque de baisse lorsque les marchés ralentissent.
Une conjoncture incertaine pour les actions
Certaines parties du marché des actions se sont relativement bien comportées au cours du premier trimestre de cette année. Toutefois, pour la fin de l'année 2023 et le début de l'année 2024, nous nous attendons à ce que les bénéfices des entreprises soient atones, voire légèrement dans le rouge. Bien qu'elles aient résisté jusqu'à présent, des signes montrent que les entreprises ont de plus en plus de mal à dégager de la croissance. Le ralentissement de la croissance économique en est l'une des raisons. Bien que de nombreuses entreprises aient continué à faire preuve d'une bonne dynamique en matière de prix ou de gamme de produits et de services, les revenus commencent à diminuer quelque peu. En outre, l'augmentation des coûts a entraîné un fléchissement des marges.
Nous estimons que les vents contraires sont plus abondants que les vents arrière pour les actions, et la conjoncture économique est encore très incertaine. Par conséquent, nous sommes très prudents quant à l'ajout d'expositions supplémentaires aux actions à l'heure actuelle.
Débouchés intersectoriels
En ce qui concerne les actions, nous nous intéressons non seulement au contexte macroéconomique et à nos prévisions pour l'économie et les marchés, mais aussi aux débouchés qui émergent dans les différents secteurs, car les disparités sont colossales au sein des marchés. Les secteurs qui ont très bien réussi l'année dernière, comme les services aux collectivités, la santé ou les biens de consommation courante, ont perdu depuis le début de l'année. À notre avis, il n'y a rien de mal dans ces types de sociétés, mais nous préférons les obligations de sociétés à duration longue, qui offrent des taux de rendement plus élevés et des décotes par rapport à la valeur nominale. C'est en grande partie pour cette raison que nous avons opté pour une plus grande exposition aux titres à revenu fixe. Au sein des titres à revenu fixe, nous privilégions la santé, mais nous entretenons une large diversification sectorielle tant au niveau des titres à revenu fixe que des actions.
Selon notre analyse, les marchés nous offrent actuellement de belles possibilités pour diversifier, et nous estimons que la diversification sectorielle est un moyen clé qui permet de gérer le risque global de notre stratégie.
Notes de bas de page
- Source : Bloomberg, au 31 mars 2023. Marché plus global des titres à revenu fixe, représenté par l'indice général des obligations de sociétés américaines Bloomberg, qui est un indice à large assise du marché obligataire pondéré en fonction de la capitalisation boursière, représentant les obligations de premier ordre à moyen terme négociées aux États-Unis. Les indices ne sont pas gérés, et il est impossible d’investir directement dans ceux-ci. Ils ne comprennent pas de frais, de dépenses ou de commissions de vente. Les rendements passés ne sont pas représentatifs des résultats futurs. Veuillez consulter le site www.franklintempletondatasources.com pour obtenir de plus amples renseignements sur les fournisseurs de données.
QUELS SONT LES RISQUES?
Tous les placements comportent des risques, dont une perte possible de capital. La valeur d’un placement peut fluctuer, et il se peut que les investisseurs ne récupèrent pas le montant intégral de leurs placements.
Les cours des actions fluctuent, parfois rapidement et de façon spectaculaire, en raison de facteurs qui influent sur les entreprises individuelles, des industries ou secteurs particuliers, ou de la conjoncture générale du marché.
Le cours des obligations évolue généralement dans le sens opposé des taux d’intérêt. Les placements dans des obligations de moins bonne qualité comportent un risque de défaillance et de perte de capital. Ainsi, lorsque les prix des obligations dans un portefeuille de placements réagissent à une hausse des taux d’intérêt, la valeur du portefeuille peut diminuer. Le changement de notation d’une obligation (ou tout changement de notation ou sur la santé financière d’un émetteur d’obligations, d’un assureur ou d’un garant) peut avoir une incidence sur la valeur d’une obligation. Les rendements élevés sont dus au risque de crédit plus important associé à certains titres moins bien cotés et, dans certains cas, au prix du marché plus bas de ces instruments.
