CONTRIBUTEURS

Michael Greenberg, CFA, CAIA
Senior Vice President, Portfolio Manager
La pandémie de COVID-19 a été un catalyseur majeur de l’augmentation de la dette publique à l’échelle mondiale. Pour faire contrepoids à l’immense creux causé par les fermetures économiques, les gouvernements du monde entier ont considérablement augmenté leur déficit budgétaire. En fait, les montants qui ont été dépensés et la hausse des dettes publiques qui s’est ensuivie sont sans précédent en temps de paix. Les investisseurs se retrouvent donc face à une préoccupation légitime : alors qu’ils demandent des taux d’intérêt plus élevés, la hausse de l’endettement causera-t-elle une révolte sur le marché obligataire? Affaiblira-t-elle encore plus le service des dettes, créant par le fait même un cercle vicieux?
Les niveaux d’endettement à l’échelle mondiale
D’un point de vue historique, les niveaux d’endettement actuels sont sans contredit particulièrement élevés, et semblent en voie de poursuivre leur progression. En toute logique, les investisseurs devraient demander à être mieux récompensés, soit par des rendements supérieurs, pour détenir des titres de créance, puisque, toutes choses étant égales par ailleurs, un endettement plus grand est synonyme d’un risque plus élevé. Or, jusqu’ici, c’est exactement l’inverse qui s’est produit dans les marchés développés. Dans un pays comme le Japon, où les préoccupations concernant les niveaux d’endettement sont d’actualité depuis 25 ans, le rendement des obligations d’État a chuté et le yen est resté relativement confiné dans une fourchette.
Niveaux d’endettement du gouvernement japonais par rapport aux rendements des obligations d’État

Au 31 décembre 2020
Sources : Franklin Templeton Investment Institute, FMI, Macrobond
Ainsi, bien que les niveaux d’endettement à l’échelle mondiale soient préoccupants, il est difficile de prédire précisément quand pourrait avoir lieu une révolte obligataire, ou même seulement un sérieux avertissement. Les banques centrales du monde ont acheté les titres de créance de leur gouvernement respectif de façon vigoureuse au moyen de divers programmes d’assouplissement quantitatif et se sont ainsi approprié une grande partie de l’offre. Néanmoins, ces mesures ne dureront pas éternellement. Lorsque les banques centrales cesseront ces achats, les taux devraient subir des pressions à la hausse. Toutefois, selon nous, les banques centrales se serviront à l’avenir de l’outil d’assouplissement quantitatif à l’occasion pour contrer les hausses dissolues des taux obligataires.
Bilans des banques centrales du G4

Au 31 août 2021
Sources : Franklin Templeton Investment Institute, Bloomberg
Le coût du service de la dette est important
Il faut aussi prendre en considération le coût (et le coût attendu) lié au service de la dette. Pour l’heure, ces coûts demeurent faibles, puisque les taux d’intérêt sont très bas. Nous nous attendons à ce que les banques centrales commencent à relever les taux en 2022 et en 2023, mais nous croyons que la hausse s’avérera timide par rapport aux normes historiques, ce qui devrait contribuer à maintenir les coûts de service à un niveau peu élevé, du moins à moyen terme.
La dette au Canada
Le Canada ne se montre pas indifférent à ces tendances mondiales. Les niveaux d’endettement du pays sont élevés (et en hausse), mais les faibles coûts liés au service de la dette laissent supposer que la situation est viable pour l’instant. L’économie du Canada pourrait s’avérer plus sensible que d’autres aux taux d’intérêt en raison du fort endettement des consommateurs et de la dépendance à l’égard du secteur de l’habitation. La Banque du Canada a été l’une des premières à mettre fin aux mesures de relance, mais nous estimons qu’elle devra faire preuve d’une vigueur modérée lorsqu’elle relèvera les taux en raison de la sensibilité accrue de notre marché. À moyen terme, nous ne prévoyons pas que les importantes hausses de taux au pays mèneront à une augmentation notable des taux sur le marché des obligations d’État.

Positionnement du portefeuille
Bien que les préoccupations concernant les niveaux d’endettement soient légitimes, nous croyons que le tout se jouera plutôt à long terme. L’augmentation de l’endettement à l’échelle mondiale, qui est alarmante, freinera tôt ou tard la croissance potentielle et pourrait entraîner d’autres effets négatifs. Toutefois, sur notre horizon de placement, nous prévoyons que les dépenses d’urgence cesseront graduellement pour laisser place à une croissance acceptable accompagnée d’une inflation légèrement plus élevée et persistante, ce qui engendrera une atténuation des politiques de relance et entraînera par le fait même une certaine hausse des taux. Nous considérons cependant la hausse de l’inflation comme étant transitoire, car les facteurs à long terme tels que la technologie, le fort endettement et la démographie contribuent à maîtriser l’inflation et les taux.
Sur le plan tactique, nous privilégions généralement les actions plutôt que les obligations dans ce contexte et cherchons à réduire l’exposition aux titres d’État ainsi que la sensibilité aux taux d’intérêt. Nous sommes favorables aux opérations de portage et favorisons les titres de créance de sociétés et de certains marchés émergents. Sans en abuser, nous croyons qu’il est acceptable de maximiser le portage dans ce contexte, compte tenu de l’appétit des investisseurs pour le rendement et du soutien continu offert par les banques centrales des marchés développés.
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