CONTRIBUTEURS

Michael Greenberg, CFA
Vice President, Portfolio Manager Franklin Templeton multi-Asset Solutions
Ces dernières années, les actions de croissance ont inscrit des rendements historiques supérieurs à ceux des actions de valeur. Mais tout récemment, les actions de croissance et le secteur technologique ont subi une correction marquée, soulevant des questions concernant une remontée soutenue des titres de valeur. De nombreux investisseurs se demandent ce qui nous attend, si le moment est venu de délaisser les titres de croissance et s'il vaut la peine de tenter d'anticiper le rendement des facteurs liés aux actions.

QU'EST-CE QUI ALIMENTE CETTE TENDANCE?
Dans un contexte de taux d'intérêt peu élevés et de faible croissance, les investisseurs sont disposés à payer plus cher pour les titres de sociétés en mesure d'enregistrer une croissance appréciable de leurs bénéfices. Cette situation, qui décrit évidemment le contexte ultérieur à la crise du crédit, explique une des raisons pour lesquelles les actions de croissance affichent depuis des rendements supérieurs.
En revanche, les actions de valeur appartiennent souvent à des sociétés de secteurs cycliques. Celles-ci se comportent habituellement bien dans une conjoncture économique robuste, ce qui n'a pas vraiment été le cas récemment – malgré la progression sans précédent du marché, le taux de croissance des économies dans le monde a été inférieur à la moyenne.
La composition sectorielle aussi est un important facteur à prendre en compte, comme le montre le graphique suivant.

Par exemple, un pari sur la croissance peut être assimilé à un pari sur la technologie, étant donné la pondération tellement élevée des titres technos au sein de l'indice de croissance. La conjoncture a été particulièrement favorable pour la technologie, en raison surtout de la pandémie de COVID-19 qui a contraint les consommateurs à faire leurs achats en ligne.
En revanche, un pari sur la valeur correspond dans une certaine mesure à un pari sur les titres financiers. La crise financière de 2008-2009 a été suivie par une intensification de la réglementation, des taux d'intérêt peu élevés et décroissants ainsi que l'aplatissement des courbes de taux. Il n'est pas surprenant que les titres financiers aient éprouvé des difficultés.
Par conséquent, les pondérations sectorielles dans les deux styles d'actions ont eu une incidence marquée sur leurs rendements relatifs.
VAUT-IL LA PEINE D'ANTICIPER LES RENDEMENTS FACTORIELS?
Il est très difficile d'anticiper les rendements factoriels. Une meilleure stratégie, selon nous, consisterait à diversifier l'exposition aux divers facteurs au sein du portefeuille. Nous croyons qu'une stratégie qui privilégie une répartition stratégique entre différents facteurs complémentaires dans une perspective de corrélation (par exemple, qualité, valeur et dynamisme) donnera de meilleurs résultats à long terme.
Dans nos portefeuilles, nous n'accordons pas une pondération importante à l'un ou l'autre style ou facteur lié aux actions. Nous adoptons plutôt une approche diversifiée visant divers facteurs complémentaires. Nous favorisons ou défavorisons modestement certains facteurs en fonction de nos analyses perspectives.
ARGUMENTS EN FAVEUR DES ACTIONS DE VALEUR
Le rendement des actions de valeur est lié à une réaccélération de l'économie mondiale. Les avancées médicales liées à la COVID-19 pourraient bien libérer une forte demande comprimée. Celle-ci, conjuguée aux mesures de relance monétaire et budgétaire massives, pourrait déclencher une solide reprise économique.
Une dépréciation possible du dollar américain favoriserait d'autres secteurs de valeur, comme l'industrie, les matières premières et l'énergie. Les évaluations des actions de valeur ne représentent pas un excellent outil pour anticiper l'évolution des marchés, mais elles se situent à des creux records, ce qui constitue un autre facteur favorable.
ARGUMENTS EN FAVEUR DES ACTIONS DE CROISSANCE
Les actions de croissance, fortement tributaires de la technologie, sont en bonne posture pour profiter de l'accélération de tendances existantes (mobilité, données, robotique, connexion à l'ordinateur) qui suivra la crise de la COVID-19 ainsi que de l'émergence des tendances liées au télétravail et à la distanciation sociale. Si la remontée de l'économie ralentit, toutes choses étant égales par ailleurs, le contexte sera favorable aux titres de croissance.
Même s'ils sont chers du point de vue des évaluations, les bénéfices et le rendement des capitaux propres des titres de croissance sont robustes, surtout si on les compare à ceux des titres de valeur. Le contexte de liquidité caractérisé par des taux d'intérêt peu élevés devrait persister ou continuer de s'améliorer, ce qui pourrait faire progresser encore plus les cours des titres de croissance.
NOTRE POSITION ACTUELLE
La récente débâcle des titres technologiques a été préoccupante, mais, selon nous, elle était attribuable à des facteurs techniques sur le marché des options. Le secteur technologique est désormais confronté à un certain risque politique, mais nous croyons qu'il y aura plus de peur que de mal. Les titres de valeur sont bon marché, mais il leur manque peut-être un catalyseur qui leur permettrait d'enregistrer des rendements supérieurs soutenus. La question demeure donc : que faire?
Nous adoptons une position assez neutre à l'égard des titres de valeur et de croissance, nos portefeuilles privilégiant légèrement la croissance. Nous faisons preuve de prudence en ce qui concerne la perspective d'une reprise économique en V, et nous ne prévoyons pas que les titres de valeur inscriront des rendements supérieurs soutenus, mais seulement à l'occasion de soubresauts de courte durée. Les tendances pendant la pandémie de COVID-19 et même par la suite semblent favoriser davantage les secteurs axés sur la croissance. Néanmoins, un important écart d'évaluation favorisant les titres de valeur est une source de préoccupation. Par conséquent, dans l'ensemble, notre positionnement actuel à l'égard des facteurs liés aux actions est prudent.
Dans nos portefeuilles, nous avions réalisé des profits auprès de certains gestionnaires axés sur les titres technologiques et de croissance, qui ont légèrement réduit leur pondération de placements de base. Nous restons d'avis que les titres de croissance pourront procurer de bons résultats et continuons de les surpondérer légèrement, mais nous veillerons à ne pas trop les privilégier dorénavant.
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